De notre envoyé spécial à Cannes
« Les professionnels du cinéma n’ont pas d’idées préconçues. Nous regarderons les films sans préjugés. Nous voulons les ressentir, en débattre, voir ce qui nous a touchés sur le plan émotionnel, selon un esprit d’ouverture. D’autant plus les autres membres du jury et moi-même, nous sommes de pays et de cultures différents », a souligné Tim Burton lors de la traditionnelle conférence de presse d’avant l’ouverture du Festival.
Mais juger les films et être jugés en tant que président et membres du jury, quel sera l'exercice le plus difficile ? « Je ne sais pas si nous pouvons être appelés des ‘ juges ’, mais nous avons tous une sensibilité. Nous ferons de notre mieux », affirme le réalisateur américain dont l’adaptation en 3D d’Alice au pays des merveilles, d’après Lewis Carroll, remporte actuellement un succès mondial.
Dans une salle de conférence comble, les questions fusent de part et d’autre. Elles sont surtout destinées à Tim Burton, l'un des cinéastes les plus inventifs du cinéma américain, qui a signé des longs métrages commerciaux mais à forte connotation d’auteur. « Le Festival de Cannes est comme un film extraordinaire. Je vais voir des genres d’oeuvres que moi-même je ne tournerai pas puisqu’ils ne relèvent pas de ma sphère », confie-t-il.
« Liberté d’expression »
Il y a deux ans, l’acteur américain Sean Penn, qui présidait lui aussi le jury, voulait voir des films politiques et indépendants sur la Croisette. Tim Burton, qui parle au nom des autres membres du jury, souhaite surtout être « surpris » par les films, le tout dans un « esprit d’ouverture », s’évertue-t-il à rappeler.
Ouverture d’esprit, un message également adressé aux autorités de Téhéran. « Nous sommes tous pour la liberté d’expression. Nous nous battons pour cela tous les jours », a-t-il déclaré concernant la détention du cinéaste iranien Jafar Panahi, qui a été invité comme membre du jury au Festival de Cannes.
Cinéaste de la « Nouvelle Vague » iranienne, le réalisateur de 49 ans, qui soutient l'opposition au régime de Téhéran, est accusé par le ministère de la Culture d'avoir « préparé un film contre le régime portant sur les événements post-électoraux ».