«Toi y en a bon blanc… Nous y en a bien voir si li sorcier... ». Ainsi parlent les Africains dans Tintin au Congo, au grand dam de Bienvenue Mbutu Mondondo, originaire de RDC. C'est lui qui a porté plainte en Belgique il y a trois ans pour demander l'interdiction de la bande dessinée où l'on peut aussi voir le chien Milou traiter un groupe de congolais de « tas de paresseux ».
Mbutu Mondondo explique ses motivations : « Dans mon quotidien, je suis victime d’actes racistes, par exemple au travail ou pour avoir un appartement…Tintin au Congo, c’est cette image qu’on est en train de donner justement aux enfants qui peuvent éventuellement se référer à Tintin au Congo, pour dire que, finalement, ces gens-là sont des imbéciles sur qui il faut crier... ».
Mise en cause jusqu'ici, Moulinsart, la société qui gère les droits d'Hergé, le créateur de Tintin. Mais elle renvoie la balle dans le camp de l'éditeur, Casterman, qui sera donc convoqué à la prochaine audience. Moulinsart affirme ne pas être en mesure d'ordonner un retrait des ventes, mais de toute façon elle serait contre comme l'indique son porte-parole, Alain de Cueill'j : « Si on le fait pour Tintin au Congo, il faudra pratiquement le faire pour toute la littérature, jusque dans les années 60 à propos des colonies… C’est un témoignage sur une époque. Quand on lit par exemple ce que Malraux écrit sur la Chine dans La Condition humaine, il y a une vision de la Chine qui aujourd’hui ne serait plus acceptable. C’est pour cela qu’on va retirer Malraux du Panthéon ? Je ne le crois pas ».
A défaut de faire retirer la bande dessinée de la vente, le plaignant espère au moins obtenir à terme qu'un préambule avertisse les lecteurs des préjugés que véhicule l'ouvrage. Cela se fait depuis trois ans dans la version anglaise, à la demande de la commission britannique pour l'égalité raciale.