« Quand on pense à Cannes, on pense cinéma du monde. Et puisque j’ai toujours vécu les films comme des rêves, je vais vivre un rêve devenu réalité », a commenté le réalisateur insomniaque et somnambule lors de sa nomination. Ses films d’animation font fureur, ses longs-métrages respirent une ambiance gothique et fantastique et il adore les films de monstres. « Déjà, môme, je les aimais. Je me sentais proche d’eux : en marge de la société et incompris, comme eux. » Le style Burton est éclectique, néanmoins unique et sa griffe immédiatement identifiable.
L’horreur d’être catalogué
Timothy William Burton est né le 25 août 1958 à Burbank en Californie. Une ville qu’il a nommée « l’antichambre d’Hollywood ». Ici se trouve le siège des studios Disney où il est embauché à l’âge de 21 ans. Très vite, il a le sentiment que son talent pour le dessin est, dit-il, « enfermé dans un schéma qui ne cadrait pas avec ce que j’étais ». Avec le salaire gagné dans l’industrie de culture de masse, il finance ses premiers courts-métrages. C’est le début de la carrière d’un surdoué introverti, mariant succès commercial et exigence cinématographique. Il a horreur d’être catalogué. Pour Batman, le défi, il choisit Burbank (Californie) comme lieu de tournage. Dans sa ville natale, il transforme Batman en une symphonie de la terreur, hanté par les images de la célèbre œuvre expressionniste allemande Nosferatu de Friedrich Murnau. Tim Burton intègre souvent une référence à ce film dans ses productions. Dans Batman, le méchant se nomme Max Shreck ; dans Edward aux mains d’argent, il s’incline devant Murnau à la scène finale de la fenêtre.
Sa famille du cinéma
De 1989 à 1991, Burton est marié à la peintre allemande Lena Gieseke avant de partager sa vie avec l’actrice Lisa Marie Smith. Puis pendant le tournage du remake La Planète des singes en 2001, il a un nouveau coup de foudre et se sépare, après huit ans de vie commune, pour se lier à Helena Bonham Carter, muse de James Ivory. Celle-ci tourne dans Big fish, Charlie et la chocolaterie, Les Noces funèbres et Fleet Street. Johnny Depp est le parrain de ses deux enfants, Billy Ray, né en 2003, et Nell néé en 2007.
Depp a tourné sept fois sous la direction de Tim Burton. L’acteur fétiche (« Nous sommes toujours sur la même longueur d’ondes ») a incarné dans Ed Wood la vie ratée d’Edward Davis Wood Junior », dont on dit qu’il fut le plus mauvais cinéaste de tous le temps. Le film tourné en noir et blanc reçut deux Oscars, mais fut un échec commercial. Dans l’adaptation de la comédie musicale Sweeney Todd, le barbier diabolique de Fleet Street, Johnny Depp interprète l’histoire d’une vengeance implacable.
Burton : l’effet spécial du 3D
Le Festival de Cannes a déjà fait deux fois officiellement appel à Tim Burton. La seule année où il est venu en compétition fut pour Ed Wood en 1995. En 1997, le cinéaste faisait partie du jury de la 50è édition présidée par Isabelle Adjani. Avec Burton, c’est la première fois qu’un créateur venu de l’animation préside le jury du Festival de Cannes. C’est en 2009 qu’un premier film d’animation des studios Disney Pixar « Là haut », fait l’ouverture du Festival ; production réalisée en 3D, un procédé tenant aussi à cœur à Tim Burton. Dans Alice au pays des merveilles, il ne cherche pas les effets spéciaux, mais une immersion dans l’histoire. Avec la nomination de Tim Burton comme président du jury, la technologie nouvelle a pleinement acquis ses lettres de noblesse au festival de Cannes.
Le storyboarder français, Sylvain Despretz, qui a dessiné des séquences de films pour Tim Burton « La Planète des Singes », « Batman ». Sylvain Despretz expose jusqu'au 23 mai et pour la première fois, 50 dessins originaux tirés de sa collection personnelle.