Tintin dans le box des accusés en Belgique

En Belgique, trois ans après le dépôt d'une première plainte pour essayer de faire interdire la publication de Tintin au Congo, une audience a eu lieu mercredi 5 mai au Tribunal de première instance de Bruxelles. Le plaignant, un ressortissant originaire du Congo-Kinshasa, dénonce le « caractère raciste et insultant de ce livre pour tous les Noirs ». Il espère à terme au moins obtenir qu'un avertissement soit inséré dans les rééditions de cette bande dessinée datant de 1930, pour mettre en garde contre les « préjugés véhiculés par l'album ».

« Toi y’en a bon Blanc ». « Nous y'en a bien voir si li sorcier ». Ainsi parlent les Africains dans Tintin au Congo, au grand dam de Bienvenu Mbutu Mondondo, originaire de RDC. C'est lui qui a porté plainte en Belgique, il y a 3 ans, pour demander l'interdiction de la BD où l'on peut aussi voir le chien Milou traiter un groupe de Congolais de tas de paresseux.

« Dans mon quotidien je suis victime d’actes racistes, par exemple au travail, pour avoir un appartement. Tintin au Congo, c’est cette image justement qu’on est en train de donner aux enfants qui peuvent éventuellement se référer à Tintin au Congo pour dire que non finalement ces gens-là, ils sont des imbéciles, sur qui il faut crier, c’est comme cela qu’il faut le traiter », explique Bienvenu Mbutu Mondondo.

Mise en cause jusqu'ici, Moulinsart, la société qui gère les droits d'Hergé, le créateur de Tintin. Mais elle renvoie la balle dans le camp de l'éditeur Casterman qui sera donc convoqué à la prochaine audience. Moulinsart affirme ne pas être en mesure d'ordonner un retrait des ventes, mais de toute façon serait contre, comme l’explique son porte-parole, Alain de Cueill'j : « Si on le fait pour Tintin au Congo, il faudra le faire pour pratiquement toute la littérature jusque dans les années 1960 à propos des colonies. C’est un témoignage sur une époque. Quand on lit, par exemple, ce que Malraux écrit sur la Chine dans La condition humaine, il y a une vision de la Chine qui, aujourd’hui, ne serait plus acceptable. C’est pour cela qu’on va retirer Malraux du Panthéon ? Je ne crois pas. »

A défaut de faire retirer la BD de la vente, le plaignant espère au moins obtenir à terme qu'un préambule avertisse les lecteurs des préjugés que véhicule l'ouvrage. C’est ce qui se fait depuis 3 ans dans la version anglaise, à la demande de la commission britannique pour l'égalité raciale.
 

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