«Poser des visages sur l'histoire», c'est ce qu'a voulu et ce que veut faire Philippe Guionie, photographe de 38 ans, qui a passé ses années d'études d'histoire et de géographie à Toulouse, entouré d'amis du Bénin, du Togo et du Burkina Faso.
Entrainé par les livres et ses amis à la découverte de l'Afrique francophone, il s'intéresse très vite aux souvenirs des parents et grands-parents de ses camarades d'études. Souvenirs de guerres et de cause auxquels ils ont cru. «Les anciens combattants ont porté très loin le terme de francophonie».
En 1998, après la mort d'Abdoulaye N'Diaye (104 ans), le dernier tirailleur de la Première Guerre mondiale, l'étudiant décide de fixer la mémoire des soldats de la Coloniale. Avec un appareil photo mais aussi à l'aide d'un magnétophone, il part à la recherche des tirailleurs encore en vie.
D'année en année, Philippe Guionie accumule les documents qu'il parvient à exposer d'abord, dans des centres culturels en Afrique, puis en France. Au compteur : 300 photographies d'anciens combattants et de leurs familles. «Je ne photographie pas tout le monde» précise-t-il.
Désormais, le scénario de la quête est bien huilé. Arrivé dans un pays, le photographe commence par lancer ses appels aux témoignages dans les radios, rend visite à la Maison des Anciens Combattants, installe son studio-photo sur place, puis s'enfonce dans la savane à la recherche des «isolés». Une activité qui crée une fonction, celle de messager. «Quand on entreprend ce type de recherches, on ne fait pas l'économie d'écouter les doléances, d'emporter les dossiers et de diriger les personnes vers les services administratifs compétents, ou encore de transporter des médicaments». Un rôle qui, au Bénin, lui a valu le surnom du Blanc-qui-revient-toujours.
Prochain voyage au Congo-Brazzaville et au Tchad en juin/juillet.
Le magazine Polka n° 9 (mai 2010) publie les photos de Philippe Guionie consacrées aux tirailleurs.