Tout commence le 11 mars 2010. Ce jour-là, les forces de sécurité irakiennes arrêtent le « gouverneur » de l'Etat islamique d'Irak pour Bagdad, Manaf Abdel Rahim al-Ghawi, un des pontes d'al-Qaïda à Bagdad. Sa couverture : employé modeste au ministère de l'Industrie. Al-Ghawi se met à table et avoue recevoir ses ordres d'un messager de Abou Omar al-Bagdadi. Car les militants d'al-Qaïda ont pour habitude de ne jamais utiliser de téléphones portables ou de courriels pour communiquer. Difficile donc de les localiser.
Chaque semaine dans un café de la capitale, le patron d'al-Qaïda pour Bagdad rencontre l'émissaire des chefs d'al-Qaïda pour l'ensemble de l'Irak et prend leurs ordres. Avec des drones, le messager est identifié et surveillé discrètement, pratiquement tout le temps.
Le 18 mars, à bord d'une camionette remplie de légumes, il roule vers la région désertique du lac Tharthar où se cachent les deux chefs d'al-Qaïda. Il ne reste plus qu'à donner l'assaut. La maison, située dans une région désertique entre les provinces sunnites de Salaheddine et d'al-Anbar, est encerclée.
Les forces de sécurité irakiennes appellent par haut-parleur les occupants à la reddition. Seize personnes se rendent, dont la femme de Masri, Hasna. Puis la maison est bombardée. Masri et son adjoint sont tués, ainsi que al-Bagdadi et son fils.