Le projet du gouvernement de filtrer internet inquiète les Australiens

Le gouvernement australien prépare un projet de filtrage d’internet. Les autorités veulent filtrer désormais des sites web consacrés à l’euthanasie. Un plan très controversé. Car beaucoup d’Australiens craignent une censure du web.

Avec notre correspondante à Sydney, Marie-Morgane Le Moël

Bientôt, consulter des sites web consacrés à l’euthanasie pourrait devenir impossible en Australie. Car le gouvernement veut mettre en place une liste de pages web qui devront être bloquées par les fournisseurs d’accès. Seront ainsi mis de côté, des sites pornographiques, mais aussi d’autres évoquant par exemple les drogues ou la sexualité.

Philip Nitschke, directeur d’Exit international, une association en faveur du droit à l’euthanasie, organise des ateliers pour apprendre aux personnes âgées à contourner le filtre sur internet. Selon lui, « les personnes âgées veulent savoir si, quand arrive le moment où elles décident de mourir, elles pourront mettre fin à leurs jours de façon paisible et sûre. Pour cela, elles ont besoin d’avoir de bonnes informations sur les médicaments. Ce sont des informations importantes, que justement le gouvernement risque de bannir avec ce filtre. Le gouvernement nous dit que le filtre servira à restreindre l’accès aux sites pédophiles. Mais lorsqu’on a vu la liste des sites interdits, à la suite d’une fuite dans les médias, on a découvert qu’au milieu des sites pornographiques, il y avait notre propre site ».

Les critiques se font entendre en Australie mais aussi à l’étranger. Les dirigeants du moteur de recherche Google ont protesté, tout comme l’ambassadeur des Etats-Unis en Australie. Pour Catharine Lumby, professeur de journalisme, le filtrage sera d’autant plus dangereux qu’on ignore quels contenus seront mis à l’index.

« C’est une érosion potentielle des libertés, dit-elle. Le pire avec le système proposé, c’est que si des contenus sont concernés, ils seront placés sur une liste secrète sans que le public ne le sache. Pour moi, il y a un principe important dans une démocratie, qui fait que le public a le droit de savoir ce qui est censuré ».

Pour de nombreux spécialistes d’internet, il n’est en outre pas certain que le filtre soit efficace contre la pédopornograghie. Dan Warne, journaliste pour un magazine d’informatique affirme que « les gens qui cherchent sérieusement à échanger des fichiers illégaux, comme des fichiers pédophiles, n’utilisent pas de sites internet. Ils utilisent le système du peer 2 peer (partage de fichiers), ou des messageries instantanées, ou alors des réseaux virtuels cryptés. La seule chose que le filtre fera, c’est éviter que les gens tombent sur des images par accident ».

Malgré les critiques, le gouvernement ne semble pas prêt à changer d’avis. Il souhaite faire adopter son projet d’ici quelques mois.


Pour en savoir plus :

Le site du ministère australien des Télécommunications

De nombreux sites et associations se sont créés pour dénoncer le projet du gouvernement australien, parmi lesquels :

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