Avec notre correspondant à Ramallah, Karim Lebhour
Cela fait deux jours qu’Ahmed Abou Shallouf arpente sans fin le long couloir grillagé qui sépare le point de passage d’Erez de la bande de Gaza. Il est né à Gaza, mais il vit depuis quinze ans à Beersheva, en Israël. Dimanche, la police israélienne est venue le chercher et l’a renvoyé à Gaza. Le Hamas lui a refusé l’entrée du territoire.
« Je dors ici à même le sol, dans ce couloir. Le Hamas m’a dit de retourner à Beersheva et que je ne suis pas résident de Gaza. Alors, je suis coincé là entre les deux », explique-t-il.
Le gouvernement du Hamas justifie sa décision en affirmant ne pas vouloir cautionner ces expulsions. Naufragé dans ce no man’s land, Ahmed n’a rien d’autre que les vêtements qu’il porte. Il doit compter sur la solidarité des employés palestiniens, comme Jihad, le vendeur de thé :
« Il n’a pas d’eau, pas de nourriture. Il n’a même pas une couverture pour se couvrir. Je lui ai donné du thé, du café et du pain avec du fromage. C’est le troisième cas que l’on voit comme ça. Depuis une semaine, tous les gens originaires de Gaza en Israël à Ramallah ou à Hébron, ils les prennent et ils les envoient ici ».
Avec l’entrée en vigueur du nouvel ordre militaire pour les Palestiniens originaires de Gaza, ce type d’expulsion pourrait se multiplier.