Envoyé spécial à Cochabamba,
« C’est un cadeau que fait la Bolivie au monde » s’enthousiasme Nnimmo Bassey, leader écologiste reconnu du Nigeria et venu à Cochabamba appuyer l’initiative du président Evo Morales. « Cette conférence est différente de celle de Copenhague, précise-t-il. Ici, c’est l’endroit où le peuple parle au peuple, où le peuple parle au gouvernement, et où le gouvernement parle au peuple. A Copenhague, le peuple ne pouvait pas participer aux discussions ».
A Cochabamba, troisième ville de Bolivie, et sous un chaud soleil, c’est en effet un véritable forum mondial écologiste qui s’est déroulé durant trois jours. Environ 20 000 participants ont été enregistrés.
Venus d’Inde, d’Afrique, d’Amérique Latine, des Etats-Unis ou d’Europe, tous sont arrivés poussés par l’urgence de faire face au réchauffement climatique : « Avant les mineurs de fond utilisaient les canaris comme système d’alarme dans les galeries, explique Chaitanya Kalevar, activiste canadien de l’organisation « Just one Earth ». Si un gaz toxique apparaissait, les canaris avaient mauvaise mine et les travailleurs sortaient vite des galeries. Aujourd’hui, ce sont les poissons qui sont les nouveaux canaris. Ils meurent par millions dans les océans, alors que devons-nous faire ? Sauter de la planète ? »
Parmi les thèmes abordés durant la conférence : un projet de déclaration universelle des droits de la «Terre Mère», la dette climatique des pays du Nord envers ceux du Sud, la création d'un tribunal international de justice climatique, ou encore l’organisation d'un référendum mondial sur le réchauffement global.
Autre point crucial, celui de la revalorisation des savoirs ancestraux indigènes comme alternative au modèle de développement des pays industrialisés : « Nous parlons ici de décolonisation, analyse Luis Ernesto Espinosa, leader écologiste et indigène bolivien. C'est-à-dire de rejeter un « eurocentrisme » qui jusqu’ici n’a pas été remis en question radicalement. Nous devons commencer à aborder la réalité depuis notre cosmovision pour inventer d’autres modes de vie moins destructeurs».
Militants sociaux, écologistes, intellectuels, et peuples indigènes sont également
d’accord sur la nécessité de ne plus se contenter des négociations internationales sur le réchauffement global réalisées dans le cadre des Nations-Unies.
«Copenhague a été le début et la fin de beaucoup d’espoirs que nous avions fondés, explique Angelica Navarro, qui était à la tête de la délégation bolivienne dans la capitale danoise. C’est pour cela que nous sommes ici à Cochabamba, pour écouter tous ceux qui veulent apporter des solutions réelles». Pour le président bolivien, l’anti-impérialiste Evo Morales, il n’y en a pas trente-six : «Nous sommes conscients qu’il n’existe que deux chemins possibles : La Terre Mère ou la mort. Ou meurt le capitalisme ou meurt la Terre Mère, a-t-il lancé lors de la cérémonie d’inauguration. Et bien sûr, sœurs et frères, nous sommes ici pour la vie, pour l’unité, pour l’humanité et pour les droits de la Terre Mère».