Un financier franco-américain s’attaque au «système Lagardère»

Le raider Guy Wyser-Pratte a obtenu de la justice française, mercredi 7 avril, un délai pour prouver qu'il détient bien 0,53% de capital de Lagardère. Le financier franco-américain cherche à entrer au conseil de surveillance du groupe Lagardère qu'il estime sous-valorisé pour influencer la gouvernance. Pour le moment le groupe Lagardère se refuse à commenter cette offensive.

Le financier Guy Wyser-Pratte a annoncé le 25 mars qu’il prévoyait de déposer lors de l'assemblée générale des actionnaires de Lagardère, le 27 avril prochain, deux résolutions: une pour son entrée au conseil de surveillance et une autre pour casser le statut en commandite de la société. Il veut transformer le groupe Lagardère en société anonyme, plus conforme selon lui au droit et à l'efficacité des affaires. Ce statut donne plus de pouvoir aux actionnaires. Et pour lui une firme internationale comme Lagardère, avec 60% de ses actionnaires à l'étranger, ne peut plus fonctionner sans un non-Français à son conseil.

Son deuxième objectif affiché n'est pas la suppression de la commandite mais son assouplissement. Et pour attaquer le groupe Lagardère qu'il estime mal géré, Wyser-Pratte dispose de seulement 0,53% du capital, le minimum légal pour soumettre des résolutions en assemblée générale. Il cherche des appuis, notamment auprès des détenteurs étrangers de titres Lagardère.

Une méthode déjà connue

Guy Wyser-Pratte a mis au point aux Etats-Unis une technique basée sur la défense des actionnaires. Il identifie une société cotée qu'il juge sous-valorisée, comme c’est le cas de Lagardère (malgré un rebond récemment, l’action a perdu 50% en trois ans). Puis il prend une part au capital et s'appuie sur les autres actionnaires pour faire pression sur la direction. Il obtient généralement la cession, la fusion, puis éventuellement le départ du PDG... et, surtout une remontée des cours de bourse. Aubaine inespérée pour le groupe : près de deux semaines après l’annonce des intentions du financier franco-américain, l'action Lagardère a progressé de près de 10%.

Ce système, Wyser-Pratte l'applique depuis une quinzaine d'année en Europe aussi. Il compte environ 80 cibles à son actif, avec, en moyenne, un retour sur investissement de 20 à 30 %. En France, il a obtenu notamment la tête de Jean-Louis Descours du groupe André. Il aussi engagé des batailles contre Taittinger, Valeo ou encore Ingenico. En Allemagne où avec 1% du capital du voyagiste TUI il a tenté de détrôner le PDG, il a reçu le surnom de Rambo.

Partager :