La transmission du virus peut varier d'un individu à l'autre

Une équipe internationale associant des chercheurs de l’IRD, des partenaires italiens et Burkinabè, vient de découvrir que les variations génétiques de l’être humain peuvent influencer le niveau de transmission du paludisme. Les résultats de l’étude, menée en Afrique de l’Ouest, ont été publiés le 20 mars 2010 dans la revue Nature Genetics.

Si on se réfère aux chiffres avancés par l’Organisation des Nations-Unies, le nombre de cas et de décès déclarés, dus au paludisme, s’est effondré, de plus de 70% entre 2000 et 2006. En dépit de ce progrès, le paludisme reste une des maladies les plus meurtrières sur la planète avec près d'un million de morts dans le monde, pour la plupart des enfants d'Afrique subsaharienne.

Cette maladie est provoquée par les parasites de genre Plasmodium et transmise à l’homme par l'intermédiaire de piqûres de moustiques infectés. Le cycle de transmission est subtil puisque les moustiques eux-mêmes s’infectent lorsqu’ils attaquent un être humain porteur du parasite.

Gènes et transmission

Chez l’homme, après s’être développé dans le foie, le parasite se multiplie en fin de processus dans le sang. On sait par ailleurs que certains types d'hémoglobines mutants (HbC et HbS), protègent contre le paludisme grave. En rapprochant ces deux phénomènes, les chercheurs de l’IRD accompagnés de leurs partenaires africains et italiens ont alors souhaité savoir si ces variants de l’hémoglobine influençaient la transmission du parasite de l’homme aux moustiques vecteurs.

Une large étude parasitologique a donc été lancée sur près de 4000 personnes vivant en zone rurale d’Afrique de l’Ouest, et des expériences de transmission expérimentale d’infection ont été effectuées sur plus de 6000 moustiques, à la fois in-vivo (les moustiques piquent des hommes portant différents types d’hémoglobine) et ex-vivo (les moustiques se nourrissent à travers une membrane de sangs de différents variants génétiques).

Outre des niveaux plus élevés de parasites infectants chez les porteurs HbC, les scientifiques ont constaté que le risque de transmission du Plasmodium falciparum de l'homme au moustique est augmenté d’environ trois fois lorsque le repas de sang infectant provient de ces individus portant l’hémoglobine C. Les mécanismes de cette augmentation ne sont pas encore élucidés, mais les résultats de ce travail montrent que la variabilité génétique influe sur la résistance aux maladies infectieuses mais pèse également sur leurs dynamiques de transmission.

Certains hommes, épargnés, se révèlent être des réservoirs menaçants

En se rendant sur de nouveaux terrains d’études en Afrique de l’Est, les scientifiques vont poursuivre leurs recherches sur cette étrange cohabitation où un parasite épargne certains hommes (porteurs de l’hémoglobine C), mais en font des « réservoirs » plus menaçants, favorisant la dissémination.
 

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