Avec notre correspondante à Washington, Donaig Le Du
C’est la troisième fois que Benyamin Netanyahu et Barack Obama se rencontrent à Washington. La première fois, le scénario était le même que pour toutes les visites de dignitaires étrangers. A la fin de l’entretien, les deux hommes posent un moment pour les photographes et répondent à quelques questions. Et cette première rencontre avait été tellement désastreuse, derrière les sourires de façade on pouvait tellement sentir, presque physiquement, que le courant ne passait pas entre les deux hommes, que la deuxième fois, au mois de novembre 2009, le Premier ministre israélien avait été reçu à la nuit tombée, en catimini, sans caméras, sans photos et surtout sans questions. C’est exactement ce qui va se passer ce mardi soir. La Maison Blanche appelle cela pudiquement une rencontre «privée», ce qui signifie que l’on ne verra rien, que l’on n’entendra rien et que l’on ne saura que ce que l’on voudra bien nous dire.
Un contexte particulier…
En premier lieu, Barack Obama n’aurait pas dû être à Washington, ce qui aurait été plus pratique pour tout le monde. Mais il a reporté sa tournée, en Indonésie et en Australie. Etant aux Etats-Unis, et compte tenu du contexte de relations très tendues avec Tel Aviv , il ne pouvait pas ne pas voir Benyamin Netanyahu.
Hillary Clinton a déjà un peu donné le ton. Lundi 22 mars, elle était au congrès annuel de l’AIPAC, l'American Israel Public Affairs Committee. Elle y a longuement expliqué que l’amitié avec Israël était solide et indéfectible, des déclarations accueillies dans un silence poli mais quand même assez glacial.
Quelques heures plus tard elle avait rendez-vous avec le Premier ministre israélien, au Département d’Etat. La rencontre figurait à son agenda officiel, avec convocation de la presse, comme cela se fait normalement. En réalité, Hillary Clinton est sortie presque en catimini pour aller le rencontrer à son hôtel en « oubliant » fort opportunément de prévenir les journalistes. Explication officielle de cette visite : c’est une question de protocole, lui est Premier ministre et elle seulement ministre des Affaires étrangères, en conséquence c’était à elle de se déplacer. Il est douteux qu'à Washington on puisse trouver une personne qui croie une seconde à cette version des faits.
En fin de journée, s'exprimant à son tour devant l'AIPAC, le puissant lobby américain pro israélien, Benyamin Netanyaou a affirmé que « la ville sainte n'était pas une colonie mais bien la capitale d'Israël ». Le chef du gouvernement de l'Etat hébreu s'est offert le luxe de ne faire aucune allusion à l'incident diplomatique avec les Etats-Unis né de l'annonce de la construction de 1600 logements juifs dans la partie occupée de Jérusalem.