Suspens et bras de fer avant le sommet de Brdo

Le suspens est maintenu jusqu’au bout. On ne saura peut-être qu’au dernier moment si la réunion des représentants de l’UE et de tous les pays des Balkans aura bien lieu, comme prévu, le 20 mars à Brdo pri Kranju en Slovénie. Et si oui, quelle formule sera trouvée pour réunir les dirigeants de la Serbie et du Kosovo autour d’une même table.

Accélérer l’intégration à l’Union européenne des pays des Balkans candidats à l’adhésion. Tel est l’objectif déclaré du sommet UE-Balkans convoqué pour le 20 mars à Brdo pri Kranju près de la capitale slovène, Ljubljana. L’ennui, c’est que la désintégration et les divisions internes au sein de la région ont semé un sérieux doute sur la possibilité de réunir tous les pays concernés autour d’une même table.

Boycott serbe

Les difficultés viennent principalement du côté de la Serbie qui ne veut pas entendre parler de sa participation à une réunion où le Kosovo serait présent en tant qu’Etat indépendant. En effet, Belgrade n’a jamais reconnu la proclamation, en février 2008, de l’indépendance du Kosovo. La Serbie le considère toujours comme sa province et boycotte toutes les réunions internationales où cette position est remise en cause. Le président serbe Boris Tadic a refusé le mois dernier de venir à l’inauguration de son homologue croate, Ivo Josipovic, car le président kosovar Fatmir Sejdiu participait à la cérémonie. Or il est difficile de concevoir un sommet UE-Balkans sans la Serbie. Non seulement il s’agit d’un pays qui joue un rôle important dans la région, mais il compte parmi les Etats qui ont déjà déposé leur candidature à l’UE.

Le Kosovo n’est pas encore en mesure de le faire, mais 22 des 27 pays de l’Union ont déjà reconnu son indépendance et il leur serait maintenant difficile de dire : « Faites comme si vous étiez toujours une province serbe ». Il n’est donc pas étonnant que les dirigeants kosovars n’aient pas la moindre intention de se comporter de la sorte. Le Premier ministre du jeune Etat, Hashim Taçi, souligne qu’il a été invité à Brdo en tant que chef du gouvernement d’un Etat indépendant et ne compte y venir qu’en qualité de représentant de celui-ci.

Inextricable ?

Situation inextricable ? Peut-être, mais, depuis de longues semaines, les diplomates de tous bords essaient de trouver une formule qui pourrait permettre de réunir les délégations serbe et kosovare dans une même salle. Pendant longtemps, Belgrade maintenait sa position de principe, selon laquelle la Serbie pourrait tolérer la présence des représentants du Kosovo indépendant uniquement s’ils se présentent sous le drapeau de la Mission de l’ONU au Kosovo (Minuk). Fin de non recevoir du côté de Pristina.

A trois jours de la date fixée pour la rencontre de Brdo, le Premier ministre serbe Mirko Cvetkovic a déclaré à la presse que la participation du Kosovo à des conférences internationales devait être « neutre en ce qui concerne son statut » et qu’il fallait « chercher des solutions techniques adéquates ». Déclarations difficiles à traduire en termes pratiques, mais les spécialistes ont tout de suite remarqué qu’elles ne contenaient plus l’exigence de présenter les dirigeants kosovars sous le drapeau de la Minuk, ce qui constitue peut-être un signe d’une évolution de la position serbe.

Signaux peu encourageants

Le bras de fer diplomatique va sans doute se prolonger jusqu’au dernier moment et son issue n’est pas du tout certaine. Les derniers signaux ne sont pas très encorageants. La Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, s’est rendue dans la région mercredi pour trois jours, mais pour l’instant rien n’a filtré sur une éventuelle percée en ce qui concerne la réunion de Brdo. A en juger par une mise en garde venue de Bruxelles selon laquelle le président du Conseil européen Herman Van Rompuy pourrait ne pas se rendre à Brdo à cause de « problèmes » persistant entre la Slovénie, la Serbie et le Kosovo, les chances d’une telle percée semblent de plus en plus minces… Un diplomate interrogé par l’AFP a carrément accusé la Slovénie de « mauvaise préparation » du sommet, ce qui n’augure pas bien de son déroulement, même si finalement il ait bien lieu.
 

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