Le commerce international des ours polaires restera autorisé

Les ours polaires sont les mascottes de la lutte contre le changement climatique. Leur commerce restera néanmoins autorisé car il représente « une menace insignifiante comparé à la fonte de la banquise », selon les estimations de la conférence de la Cites, le 18 mars 2010, sur les espèces sauvages menacées. Pourtant, les ours ne sont plus que qu'entre 20 000 et 25 000 spécimens, répartis entre cinq Etats: les Etats-Unis (Alaska), le Canada, le Groenland, la Norvège et la Fédération de Russie. 

 L'étendue de la glace de mer a diminué de 15 à 20% ces 30 dernières années et un déclin supplémentaire de 10 à 50% est redouté d'ici la fin du siècle. Pourtant c'est là , le long du cercle polaire arctique où le réchauffement climatique est deux fois supérieur à la moyenne mondiale selon les observations des climatologues, que vivent les ours polaires.

Arguant que leur nombre avait déjà diminué de 30% en trois générations (soit 45 ans), les Etats-Unis demandaient l'inscription des ours blancs à l'Annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d'extinction (Cites), prohibant toutes ventes hors des pays de répartition. L'animal, Ursus maritimus, a été classé en 2008 comme espèce «vulnérable» par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et figure déjà en Annexe II de la Convention depuis 1975 (commerce contrôlé).

Des cinq Etats sur lesquels sont répartis ces espèces, seul le Canada autorise les exportations de peaux, de trophées, de dents ou d'artisanat réalisé à partir des os : un commerce géré par les Inuits auxquels il apporte un complément de revenu, a souligné en séance, ce jeudi, un représentant de la communauté, depuis les rangs de la délégation canadienne à Doha, insistant sur le fait que : « C'est une source de nourriture et une importante contribution à la marche des foyers et à la survie des Inuits. Nous n'avons ni plante ni arbre chez nous. Et puisque tout le monde reconnaît que la menace principale c'est le changement climatique, ce n'est pas la Cites qui va gérer cela ».

Les organisations dédiées à la conservation des espèces sont divisées

Le Groenland, pour sa part, a suspendu toute exportation d'ours depuis 2008 mais demande à pouvoir poursuivre la chasse sur ses terres. Officiellement, 300 ours sont vendus sur le marché international chaque année, dont 210 par le Canada qui affirme qu'à peine 2% des ours polaires « entrent dans le commerce chaque année » et que ce chiffre n'augmente pas. Jane Lyder, chef de la délégation américaine, ne partage pas ce point de vue et assure que jusqu'à 700 ours seraient tués illégalement chaque année, notamment en Russie : « Nous voulions stimuler un débat sur ces sources multiples de menaces, explique Jane Lyder. Bien sûr qu'il faut reconnaître la menace potentielle et réelle du changement climatique, mais ce n'est pas suffisant. Le rythme actuel du commerce a un impact, notamment sur le marché intérieur russe ».

L'Union européenne, quant à elle, a refusé de suivre les revendications des Américains, en justifiant de la « bonne gestion » des ours par les populations autochtones. Une position qui divise les organisations dédiées à la conservation des espèces : pour l'UICN, Traffic, le WWF ou le World Conservation Trust, la
demande américaine est plus « émotionnelle » que scientifiquement fondée. Mais, pour la Fondation Brigitte Bardot, Robin des Bois ou le Fonds mondial
de protection des animaux
(IFAW), la contrebande est une menace de plus qui pèse sur l'ours blanc : « C'est une occasion manquée [de protéger les ours polaires ] », regrettait jeudi à Doha Jeff Flocken, directeur d'IFAW, expliquant que : « Avec le changement climatique, la pollution, la sur-chasse, le commerce est une menace supplémentaire qui n'est pas indispensable. Maintenant, plus de 3.000 ours vont pouvoir être tués au cours des dix prochaines années ».

Pour en savoir plus :

Lire RFI : Le pôle arctique, bientôt une mer ouverte

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