Les sécheresses au Sahel sont liées aux caprices de l'océan Atlantique nord

Selon une étude parue dans la revue britannique Atmospheric Science Letters, de la Royal Meteorological Society, les sécheresses répétées au Sahel des années 1960 aux années 1990 sont liées à des cycles chauds et froids de l'océan, qui influencent aussi la puissance des cyclones dans les Caraïbes.  

« Si on comprend mieux ces signaux naturels, on devrait mieux comprendre la composante humaine » du réchauffement, espère Yves Tourre, un chercheur de Météo France qui a participé à l'étude. Deux types de cycles prenant en compte la température de surface de l'eau et la pression atmosphérique, longs respectivement de 40 à 60 ans et de 8 à 14 ans, ont été identifiés par des climatologues qui publient leurs résultats.

Dans le Sahel, « du milieu des années 1960 au milieu des années 1990, il y a eu une période de sécheresse, mais pendant cette sécheresse, il y a eu des périodes moins intenses, liées aux cycles quasi-décennaux » (de 8 à 14 ans), selon Yves Tourre. « Dès le début du 21ème siècle, ces variations climatiques naturelles auraient contribué à un retour à la normale des pluies dans la région du Sahel (comme en 2003 et 2009), mais aussi à une augmentation de la puissance destructrice des cyclones tropicaux », ajoute Météo France. Et, ce « retour à la normale » s'est par endroits soldé par des inondations, comme en 2009 au Sénégal, au Burkina Faso et au Niger.

« L'océan a une mémoire thermique, calorifique »

Par ailleurs, la courbe de la puissance destructrice des cyclones tropicaux dans l'Atlantique nord, qui frappent régulièrement les Caraïbes et le pourtour du golfe du Mexique, recoupe largement celle du cycle de 40 à 60 ans depuis 1950. La phase de réchauffement de l'océan entamée dans les années 1990 correspond ainsi à des cyclones plus destructeurs.

Enfin, ces cycles longs sont « liés fortement à la circulation thermohaline », le grand système de tapis roulant entre les eaux de surface et les eaux profondes qui traversent les trois océans, poursuit Yves Tourre : en effet, contrairement à l'atmosphère -dont la composition change rapidement-, « l'océan a une mémoire thermique, calorifique ».

Prévisions difficiles pour l'Afrique de l'Ouest

Grâce au concours de la modélisation et de comparaisons avec des données antérieures à la révolution industrielle, les chercheurs sont parvenus à reconstituer une variabilité naturelle, excluant les changements induits par l'homme.

Pour l'Afrique de l'Ouest en particulier, les variations à venir restent toutefois encore très difficile à prédire. D'autant plus que les courants marins pourraient être modifiés par un apport d'eau douce plus important lié à la fonte des calottes polaires.
 

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