Menaces sur le dialogue israélo-palestinien

Alors que des négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens devraient s'engager prochainement, une nouvelle crise liée à la colonisation israélienne vient de se déclencher et met en danger toute reprise du dialogue.

Quelque 1600 nouveaux logements pour les Juifs seront construits dans la colonie de Ramat Shlomo, située à Jérusalem-est. C'est ce qu'a annoncé le ministère israélien de l'Intérieur en pleine visite du vice-président américain Joe Biden. Une annonce qui suscite l'indignation de la communauté internationale et qui laisse les négociations israélo-palestiniennes dans l'impasse. Ce projet a été largement condamné par la communauté palestinienne qui se sent de plus en plus menacée, comme a pu le constater le chercheur palestinien, Khalil Toufakji. 

A l'image des gouvernements précédents, celui de Benjamin Netanyahu considère Jérusalem-Est comme un territoire israélien dans lequel il estime que Juifs comme Arabes ont le droit de vivre. Mais, comme le souligne Alain Dieckoff, chercheur au CNRS, « c’est une bataille démographique qui est à l’œuvre depuis 1967 et dans laquelle Israël a marqué des points puisque près de 200 000 Israéliens juifs habitent Jerusalem-Est. Mais les Palestiniens ont prouvé leur capacité de résistance puisque leur nombre reste supérieur à celui des habitants juifs de la partie orientale de la ville, même si leurs conditions de vie sont difficiles ».

Depuis la conquête militaire de Jérusalem-Est en 1967, les dirigeants israéliens, de droite comme de gauche, ont multiplié les initiatives pour limiter l'installation des Palestiniens et entraver leur vie quotidienne. Comme le souligne Khalil Toufakji, « outre la construction de ces 1600 logements, le gouvernement a inauguré plusieurs routes de contournements sans compter le nombre de sites déclarés sites historiques juifs. Et sans oublier bien sûr le mur de séparation qui transforme Jerusalem-Est en grande prison ».

Officiellement, Benjamin Netanyahu, à la suite de demandes répétées du gouvernement américain, a affirmé son soutien à la création d'un Etat palestinien indépendant. Un Etat palestinien dont il refuse, comme une majorité d'Israéliens, qu'une partie de Jérusalem puisse devenir la capitale. Et c'est bien pour empêcher toute division de la ville que l'Etat hébreu poursuit sa politique, selon Alain Dieckoff.

En dépit de cette dernière annonce de l'Etat hébreu, Mahmoud Abbas a accepté la reprise du dialogue avec le gouvernement israélien par l'intermédiaire des Américains. Mais, il semble d'ores et déjà qu'en l'abscence d'un gel total de la colonisation réclamée par les Palestiniens, ces nouvelles discussions soient vouées à l'échec.

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