Avec notre correspondante à Istanbul, Jeanne Thuilier
« Ce vote est une comédie ». Voila le mot employé par l’un des membres de la délégation turque, présent le 4 mars à Washington. Cette délégation est sortie furieuse, mais aussi surprise de la manière dont le suffrage s’est déroulé. Le président de la commission des Affaires étrangères a prolongé à plusieurs reprises la durée du vote. Pour Ankara, c’est ce qui a permis au «oui» de l’emporter à la dernière minute.
Une partie de la presse turque accuse ouvertement ce matin Howard Berman, le président de la commission : « Il est l’homme qui a mis le feu à la Turquie », d’après le journal Vatan. A Ankara, c’est donc la colère qui règne envers l’allié américain : « Washington manque de vision stratégique », estime le Premier ministre Erdogan.
De son côté, Abdullah Gül, le président de la République, menace : « Il ne faudra pas blâmer la Turquie des conséquences possibles de ce vote ». Et les conséquences sont précises : l'adoption du texte devrait nuire aux relations bilatérales avec Washington. Ankara a d’ailleurs aussitôt rappelé son ambassadeur pour consultation.
Mais cette résolution pourrait aussi nuire au rapprochement avec l’Arménie. Ankara et Erevan ont signé deux protocoles d’accord en octobre dans le but de rétablir des relations diplomatiques. Ces textes n’ont pas encore été ratifiés. Le vote du 4 mars pourrait ralentir un peu plus ce processus de ratification.