Reportages dans le fief de l'ex-rébellion ivoirienne

Notre envoyé spécial en Côte d’Ivoire s’est rendu à Bouaké, « capitale » de la zone sous contrôle de l’ex-rébellion des Forces nouvelles. A lire: une visite du seul grand hôpital de la partie ouest et centre du pays, aux prises avec les délestages, la pénurie de médicaments et le manque de médecins. A écouter:  un reportage sur la « lutte des classes » au sein des ex-rebelles.  

Le Centre hospitalier universitaire de Bouaké fonctionne avec bien des difficultés. Depuis le début de la crise, il y a huit ans, certains services, comme la cardiologie ou la dermatologie sont fermés. D’autres tournent au ralenti. Le personnel qualifié étant parti, les opérations les plus complexes sont renvoyées sur Abidjan. 

Autre problème : le manque de médicaments comme le confirme le directeur du CHU, le professeur Félix Yapo Boa : « Quand nous faisons une commande à la pharmacie de la Santé publique, elle arrive à honorer seulement 10% de nos commandes. Donc nous sommes en permanence en rupture même pour les produits de base comme l’alcool, les gants, les petits matériels dont on a besoin pour faire les soins d’urgence, à tel point que nous avons été obligés de prendre la décision d’acheter ce petit matériel chez certains grossistes privés pour pouvoir faire tourner l’hôpital ».

Un nouveau problème est venu, depuis un mois, compliquer la tâche des médecins : les délestages électriques, récurrents, qui frappent Bouaké comme le reste du pays : « L’impact est énorme. Tous les services de consultation, le laboratoire, la radiologie, ne fonctionnent pas quand il y a le délestage. Même pour le grand bloc, le groupe électrogène que nous avons mis là-bas ne permet pas de faire fonctionner tous les appareils que nécessite une grande intervention. Il y a des cas où l’on ne peut pas opérer. On est obligés d’évacuer à Abidjan ».

Il y a encore deux ans, la présence de MSF (Médecins Sans Frontières) permettait d’assurer la gratuité des soins. Depuis les ONG sont parties et l’Etat a repris le contrôle des lieux. Conséquence directe : il faut maintenant payer entre 2.500 et 5.000 francs CFA pour une consultation. Autant dire que les plus pauvres sont désormais exclus du CHU.


Dans la zone sous le contrôle des Forces Nouvelles, tout le monde semble fatigué par 8 années de crise. Si chacun affirme qu’il faut maintenant tourner la page au plus vite pour vivre mieux, les niveaux de vie entre grands et petits soldats est manifeste.

 

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