« Que Dieu vous bénisse ! Je souhaite que votre travail soit couronné de succès et j’espère que vous pourrez avec l’aide de Dieu mener ce procès à bon port », a lancé aux juges Zdravko Tolimir à l’ouverture de son procès. Une déclaration lourde de sous-entendus quand on sait que son procès a été plusieurs fois reporté pour raisons de santé, et que celui de l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic a été interrompu par la mort de l’accusé.
L’ombre de Srebrenica
Zdravko Tolimir est accusé de génocide pour son rôle dans le massacre de Srebrenica. Bras droit de Radko Mladic, chef militaire des Serbes de Bosnie aussi recherché par le TPIY, il est accusé d’avoir « supervisé et autorisé la détention organisée, l’exécution et l’inhumation de milliers d’hommes et de garçons musulmans ».
Les faits remontent à juillet 1995. Les enclaves de Srebrenica et Zepa sont tombées. Alors que 25 000 femmes, enfants et vieillards sont transférés de force vers les zones contrôlées par des musulmans, les militaires serbes bosniaques exécutent tous les hommes et jeunes garçons en âge de porter une arme. Ils seront enterrés dans des fosses communes qu’aujourd’hui encore la communauté internationale travaille à explorer pour tenter d’identifier les corps.
Pour le procureur du TPIY, Zdravko Tolimir « a choisi d’oublier les lois de la guerre et de poursuivre l’idéal d’un Etat mono-serbe pour organiser les commission d’exactions ». Comme d’autres accusés serbes, Zdravko Tolimir plaide non coupable et se défend seul.
Le retour de Karadzic
Du massacre de Srebrenica il en sera également question dans le procès, plus médiatique celui-là, de Radovan Karadzic qui reprend lundi. Il avait été suspendu après le refus de l’accusé de comparaître à l’ouverture de son procès le 26 octobre 2009. L’accusé estimait ne pas avoir bénéficié du temps nécessaire pour préparer sa défense. Les magistrats avaient alors décidé, plutôt que de poursuivre sans lui, de reporter le procès et de nommer un avocat avec lequel Radovan Karadzic a malgré cela refusé de collaborer. Il bénéficie de sa propre équipe de conseillers, mais lui aussi se défend seul à l’audience.
Le doute sur sa présence
D’après l’un des juristes avec lesquels il travaille, l’ex-chef politique des Serbes de Bosnie sera présent lundi au TPIY. Il y présentera les grandes lignes de sa défense, à savoir que les Serbes ont « simplement riposté aux actions des autres ». Concernant Srebrenica, le même juriste annonce que les faits au regard de Radovan Karadzic sont « au maximum un crime de guerre contre des prisonniers de guerre ». Pour mémoire, la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations unies, a jugé que le massacre de Srebrenica relevait du génocide.
Passée sa déclaration liminaire, rien n’indique que l’accusé Karadzic continuera de comparaître. Il pourrait à nouveau décider de laisser les juges sans contradicteur.