Des cliniques pour réapprendre à manger

Le Mexique est en 2e place mondiale pour l’obésité, après les Etats-Unis. Le gouvernement mexicain veut lutter contre ce fléau qui provoque des maladies : 200 cliniques spécialisées sont en construction pour permettre aux obèses de se soigner et de trouver une aide psychologique. Et une campagne d’affichage conseille aux Mexicains de faire du sport.

 

Au Mexique comme dans de nombreux pays du monde, l’obésité est devenue un problème de politique sanitaire. Depuis 1980, l’obésité et le surpoids ont plus que triplé dans ce pays, en particulier dans la population adulte : 40 % des hommes et femmes sont en surpoids, 32 % sont atteints d’obésité, ce qui veut dire que 72 % de la population adulte a une masse corporelle inadéquate. (C’est-à-dire supérieure à 25kg/m2).

 
Cette épidémie touche également 15 millions d’enfants : 20 % chez les 5-11 ans et 30 % chez les 12-19 ans, ce qui va se révéler catastrophique à l’âge adulte si rien n’est fait. C’est la première maladie non infectieuse du pays. Le Mexique occupe la seconde place en obésité après les Etats-Unis. On estime que pour la première fois dans l’histoire du Mexique, les enfants vont vivre en moyenne 10 ans de moins que leurs parents.

Accord national pour la santé alimentaire

Pour lutter contre ce fléau lié au mode de vie de plus en plus sédentaire et à une mauvaise alimentation, le gouvernement mexicain a signé un Accord national pour la santé alimentaire qui devrait permettre d’identifier les actions nécessaires pour obtenir des changements substantiels à court terme.

Pour toucher le public, le ministère de la Santé a lancé une campagne de sensibilisation avec le slogan : 5 pas à suivre pour lutter contre l’obésité : le premier est de faire de l’exercice, le second, de réduire les apports en sucres, en sel et en graisses, le troisième est de boire de l’eau et non des boissons gazeuses, le 4e de se servir de sa carte de vitale qui donne un accès gratuit aux services de santé et le 5e pas est de partager cette expérience en famille, au travail et à l’école.

Formation de spécialistes
 

Plus de 200 cliniques pour les maladies chroniques dérivées de l’obésité (diabète, cœur, circulation sanguine) sont en cours de construction afin de permettre aux gens en surpoids ou obèses, ayant de sérieux problèmes de santé,  de trouver une aide psychologique et médicale spécialisée. 10.000 médecins sont actuellement en formation de 160 heures pour obtenir un diplôme spécialisé concernant les troubles du comportement alimentaire. Dans ces centres médicaux, le patient est pris totalement en charge mais continue sa vie quotidienne chez lui.

Des cliniques d’apprentissage

A Cuernavaca, dans l’Etat du Morelos, l’une des premières cliniques spécialisées a traité plus de 5.000 personnes l’an dernier. Elles sont venues faire faire un check-up à partir duquel médecins et nutritionnistes appliquent des protocoles cliniques précis avec des diagnostiques électroniques. On apprend à la personne en surpoids à connaître et comprendre sa maladie et comment il peut y remédier. On lui apprend à faire la cuisine, à équilibrer ses repas, à boire de l’eau, à composer des plats colorés, aux saveurs fortes afin que tous les sens soient mis en alerte. Pour lui apprendre à calculer les portions, à les réduire progressivement, il existe toute une panoplie de plats en plastique : steak, poisson, portion d’épinard, de carottes, de haricots verts, de pain, de tortilla afin de savoir ce que veut dire une assiette de légume, une salade, un bol de bouillon, un dessert, etc...
 

Car les personnes obèses ont souvent perdu le sens de la mesure. Le nutritionniste peut envoyer le patient chez un psychologue afin d’éviter les déprimes. Chaque jour, tout le personnel, accompagné des patients, effectue 30 minutes de marche sur un parcours fléché qui entoure la clinique. Au cours de ce déplacement quotidien, le personnel médical explique les raisons pour lesquels il faut faire de l’exercice physique.

Dans la cuisine de la clinique, les patients apprennent au tableau noir ou sur la gazinière à réaliser des recettes simples mais équilibrées, comment varier les produits, reconnaître les légumes et fruits de saison.

Chaque patient a son dossier sur lequel il doit noter ce qu’il a mangé durant les 3 ou 4 repas qu’il a fait la veille. Il commente le lendemain avec le nutritionniste son régime, ce que cela lui a provoqué, le spécialiste pouvant ainsi lui démontrer que mélanger tel aliment avec tel autre a un effet positif ou négatif.

Plus que de faire perdre du poids aux patients, l’objectif est de leur apprendre une nouvelle hygiène de vie. Sur 100 malades qui acceptent de suivre ces programmes, il n’y a que 30 % qui abandonnent.

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