Avis de tempête dans le ciel européen

Les contrôleurs aériens français ont entamé, mardi 23 février 2010, une grève pour quatre jours. Ce conflit dans les tours de contrôle intervient dans un contexte tendu dans le secteur aérien avec des grèves du personnel navigant un peu partout en Europe. En France, la Direction générale de l'aviation civile a demandé aux compagnies d'annuler 50% de leurs vols à Orly et 25% à Roissy-Charles-de-Gaulle...  

Un vol sur deux était annulé, mardi 23 février 2010, au départ et à l’arrivée de l’aéroport Paris-Orly et un sur quatre à Roissy-Charles-de-Gaulle, en raison de la grève des aiguilleurs du ciel. Le conflit social affecte en priorité les court et moyen-courriers. Le mouvement est lancé à l’appel de quatre syndicats (CGC-CGT-FO-Unsa/Iessa) de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), tandis que le SNCTA, majoritaire chez les contrôleurs, a décidé de ne pas y participer.

Les syndicats dénoncent le projet de création d’une structure européenne pour le contrôle aérien. Dans le cadre du projet Fabec, Bloc d'Espace fonctionnel d'Europe Centrale, la France prévoit, d'ici 2012, de fusionner le contrôle aérien avec cinq autres pays : l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse et les Pays-Bas. Le ciel européen possède vingt-sept systèmes de contrôle aérien et la Commission souhaite simplifier la gestion du trafic qui pourrait augmenter de 50% dans les quinze prochaines années.

Un contrôle aérien européen

Pour les syndicats français, cette réforme fait peser de graves menaces sur l’emploi. Sur les 12 000 fonctionnaires que compte la DGAC, la direction générale de l’aviation civile, les contrôleurs aériens représentent le plus gros des effectifs avec 4 400 postes. Ils dénoncent « un début de démantèlement de la DGAC » et « une remise en cause du statut de fonctionnaire des personnels ». Les syndicats réclament également des embauches supplémentaires en 2010 et 2011 du fait des non-remplacements des départs en retraite.

Le directeur de la DGAC, Patrick Gandil qui reprend les arguments du ministre des Transports Dominique Bussereau, dément tout projet de démantèlement de la DGAC. Il rappelle que cette future structure européenne sera « un système public dirigé par les gouvernements » et que les personnels français travaillant au sein de cette organisation seront « des fonctionnaires ».

Des réductions de coûts

Le mouvement des aiguilleurs du ciel se surajoute aux multiples mots d’ordre de grève lancés en Europe. En Allemagne, la Lufthansa, premier groupe aérien européen, a dû annuler, lundi, plus de 65% des vols en raison d’une grève massive des 4 000 pilotes. Ils ont entamé, mardi, des négociations avec la direction pour discuter d’un accord de garanties sur l'emploi. Au Royaume-Uni, les pilotes de la British Airways cesseront également le travail à partir du jeudi 25 février 2010. A plus de 80%, le personnel de cabine a voté pour la grève afin de protester contre des mesures d’économie.

Pour résister aux low-costs et à la crise qui frappe le secteur, les compagnies aériennes cherchent, en effet, à réduire au maximum les coûts. La Luftansa prévoit ainsi d'économiser un milliard d'euros d'ici à la fin 2011, en réduisant notamment les effectifs de 5% par an. De son côté, British Airways vise quelque 1 700 suppressions de postes au sein du personnel navigant.
La grogne est loin d'être finie. Les pilotes d'Air France prévoient aussi de se mettre en grève dans les prochaines semaines. Ils réclament des garanties en matière d'emploi.

 

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