Au large des Malouines, le forage de la discorde

C’est officiel : la compagnie Desire Petroleum a commencé son premier forage pétrolier au large des Iles Falkland selon la terminologie utilisée par les Britanniques, les îles Malvinas selon la partie argentine. La perspective de forages pétroliers britanniques près de l'archipel a ravivé la tension avec Buenos Aires, qui continue de revendiquer la souveraineté sur les îles, même si la diplomatie argentine a écarté l'option militaire aux Malouines.

Géographiquement, les îles Malouines sont un territoire d’un peu plus de 12 000 km² peuplé de seulement 2 800 habitants dont la presque totalité habitent Stanley sur la côte orientale.
Géologiquement, les îles Malouines appartiennent à la Patagonie et sont reliées au continent sud-américain par un plateau marin élevé. Elles sont en revanche situées à 15 000 km de la Grande-Bretagne.

Historiquement, le débat sur l’appartenance des Iles Malouines remonte à la découverte de l’archipel puisqu’on ne sait pas qui, du navigateur espagnol Esteban Gomez ou de l’explorateur britannique John Davies a découvert le territoire en premier.
Au gré de l’histoire, les 200 îles de l’archipel ont été françaises lorsque le Comte de Bougainville décida de les peupler avec sa compagnie de Saint-Malo qui a donné son nom au territoire. Elles sont ensuite devenues anglaises puis, délaissées, elles revinrent dans le giron de l’Espagne. En prenant son indépendance au début du XIXe siècle, l’Argentine réclame le territoire qui est réinvesti par les Britanniques de peur que les Américains s’y installent.
Tandis que les Argentins se sont contentés de traduire le nom de Malouines en espagnol, Malvinas, les britanniques leur donnent le nom dont les avait baptisées le premier explorateur britannique : Iles Falklands.

Même les Nations unies qui se sont abondamment penchées sur ce différend territorial n’ont jamais tranché sur l’appartenance des Malouines à l’Argentine ou à la Grande-Bretagne. Surtout après la guerre de 1982 qui a fait près de 900 morts des deux côtés.
Après cette malheureuse intervention argentine, de résolutions de l’Assemblée générale en résolution du Conseil de sécurité, l’ONU a renvoyé les deux pays dos à dos et leur a demandé de négocier directement avec en toile de fond, une exigence de décolonisation.

L’Argentine est en situation de faiblesse

Le différend n’est pas qu’une question de territoire ou une question de principe. C’est avant tout une question de ressources. Les eaux territoriales des Iles Malouines contiennent des réserves très importantes d’hydrocarbures. Mais leur exploitation est particulièrement complexe. En 1995 l’Argentine et la Grande-Bretagne avaient conclu des accords bilatéraux sur le partage des ressources pétrolières et de la pêche. Mais si le volet pêche a été respecté, en revanche le volet pétrole ne l’a jamais été. Et la Grande-Bretagne qui a désormais les techniques nécessaires pour se lancer seule dans l’exploitation pétrolière a donc lancé son premier forage.

Selon Adès Cisneros, ancien secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères en Argentine, son pays a eu le tort d’adopter une position intransigeante : la restitution pure et simple des Iles Malouines. Avec la guerre désastreuse de 1982. Il aurait mieux valu accepter un accord de partage des richesses qui aurait impliqué les pays de la région. Car aujourd’hui dit-il, l’Argentine est en situation de faiblesse.

Mais c’est sans doute l’écrivain Jorge Luis Borges qui résume le mieux la guerre de territoire entre l’Argentine et la Grande Bretagne : c’est comme deux chauves qui se battraient pour un peigne.
 

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