Au siège de l’UA à Addis-Abeba, le Conseil de paix et sécurité (CPS) s’est réuni ce vendredi 19 février. Il devait statuer uniquement sur Madagascar, mais le Niger s’est bien sûr imposé à l’ordre du jour et comme on pouvait s’y attendre, en fin de journée, a été annoncée officiellement la suspension de la participation du Niger aux instances de l’UA.
Cette suspension est automatique en cas de coup d’Etat, tout comme la condamnation et la demande du retour à l’ordre constitutionnel, comme le président de la Commission, Jean Ping, l’avait rappelé dans un communiqué. Mais ce communiqué apporte un complément important, en soulignant que, lors du dernier sommet des chefs d’Etat, en janvier à Addis-Abeba, une décision a été adoptée pour renforcer les capacités de l’UA face à de telles situations, une décision qui repose sur « une tolérance zéro pour les coups d’Etat », ainsi que pour « les transgressions des normes démocratiques dont la persistance et la répétition peuvent conduire à des crises constitutionnelles génératrices d’instabilité ».
A Addis-Abeba on pense, bien-sûr, aux événements intervenus au Niger ces derniers mois, entre autres au changement de Constitution. L’UA a introduit ici un équilibre notable dans son propos, la condamnation restant très ferme. Cette annonce qui s'adressait, à l'époque, au président Mamadou Tandja, suite à sa modification de la Constitution en août 2009, vaut désormais pour les militaires nigériens.
Jean Ping a aussi déclaré qu'il était en contact étroit avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le président actuel de cette organisation régionale est le chef de l'Etat nigérian, Goodluck Jonathan, qui, lui aussi, a condamné les événements au Niger.
Le président sud-africain Jacob Zuma a condamné vendredi 19 février le « coup d'Etat » au Niger et a appelé les militaires, qui ont déposé chef de l'Etat Mamadou Tandja, à respecter « les principes constitutionnels sur le transfert de pouvoir ». Dans un communiqué, le président sud-africain a notamment affirmé : « Je souhaite ajouter notre voix aux condamnations du coup d'Etat au Niger et rappeler aux militaires nigériens que l'Union africaine rejette tout transfert de pouvoir inconstitutionnel ». Jacob Zuma a considéré que le coup d’Etat au Niger « créé des menaces pour la paix et la sécurité de la région » et a demandé aux militaires de respecter la médiation de la CEDEAO, entamée avant la crise.
Réactions européennes et américaines
A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a condamné, vendredi 19 février en début d’après-midi, « la prise du pouvoir par des voies non constitutionnelles ». Le Quai d'Orsay a également appelé au « dialogue ».
A Bruxelles, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a également condamné le coup d'Etat militaire au Niger et a appelé « tous les acteurs impliqués à s'engager immédiatement dans un processus démocratique » en vue d'établir un « ordre constitutionnel » dans le pays.
Réactions plus nuancée aux Etats-Unis : le département d'Etat a fait part de ses « inquiétudes » mais a tenu à rappeler ce vendredi matin ses préoccupations quant à l'extension du mandat du président Tandja. Cela souligne d'autant plus le besoin, selon Washington, d'aller vers des élections au Niger et la formation d'un nouveau gouvernement à Niamey.