Avec notre correspondante à Bogota, Zoé Berri
Les chiffres parlent d’une violence sans égal en Colombie. Ils correspondent uniquement aux crimes avoués par les paramilitaires dans le cadre du processus dit de « Justice et paix », mis en place depuis leur démobilisation.
Une loi polémique leur garantit qu’ils ne passeront pas plus de huit ans en prison s’ils parlent. Ces remises de peine ont permis de lever le voile sur plus de vingt ans de tueries.
Les groupes paramilitaires, créés à la fin des années quatre-vingt par des propriétaires terriens, avec l’aide de l’armée, ont contrôlé des régions entières tuant des guérilleros mais aussi ceux qu’ils considéraient comme leurs complices : paysans, juges, syndicalistes, journalistes.
Associés à la mafia de la drogue avant d’en prendre directement le contrôle, leurs troupes ont compté jusqu’à 30 000 combattants. Ils étaient parvenus aux plus hautes sphères du pouvoir. Près d’un tiers des parlementaires élus en 2002, sous les couleurs de l’actuel président Alvaro Uribe, font l’objet d’une enquête pour complicité avec ces escadrons de la mort et la Colombie n’a pas fini de découvrir l’ampleur du drame qui l’a touchée.
Des sources proches du parquet ont affirmé enquêter sur 156 000 assassinats commis depuis les années quatre-vingt, essentiellement par des paramilitaires.