S’il est approuvé par le Sénat, le budget américain pour 2011 consacrera 54 milliards de dollars pour construire de nouvelles centrales nucléaires. Le président américain a annoncé vouloir tripler les garanties de prêts pour construire de nouveaux réacteurs. Pour les financer, Barack Obama va s'appuyer sur une loi de 2005 qui autorise le département de l'Energie à garantir des prêts pour des projets privés réduisant les gaz à effet de serre. Jusqu'à présent, un peu plus de 18 milliards de dollars ont été attribués à ce fonds de garantie, qui une fois triplé, atteindra les 54 milliards de dollars.
Cette volonté du président américain indique un changement de cap. La relance du nucléaire est une nécessité pour les Etats-Unis. Une nécessité économique, car tous les ans, la consommation d'électricité augmente de près de 2%. Une nécessité technique car le parc nucléaire américain est vieillissant. Une nécessité écologique, Barack Obama a fixé un taux de réduction des gaz à effet de serre de 28% à l'horizon 2020. Et enfin, une nécessité stratégique, le président américain n’a jamais caché sa volonté de diminuer la dépendance énergétique du pays.
Un marché en pleine expansion
Durant sa campagne présidentielle, Barack Obama avait exprimé clairement son souhait de réduire ses importations de pétrole, et par conséquent de développer le nucléaire ainsi que les énergies renouvelables. Les principales ressources énergétiques aux Etats-Unis sont le charbon, très polluant, et le pétrole. Les Américains importent les deux tiers du pétrole nécessaire à leur consommation, et c'est précisément cette dépendance envers les pays producteurs que le président américain veut réduire.
L'énergie nucléaire ne fournit aujourd'hui que 20% de l'électricité aux Etats-Unis. Il y a donc un fort potentiel pour développer cette technologie. Actuellement, il n’y a que cent quatre centrales nucléaires en activité sur tout le territoire. Une trentaine d'exploitants nucléaires se partagent le marché. Contrairement à la France, Il n'y a pas un gros exploitant comme EDF qui gère le parc nucléaire. Aux Etats-Unis, ce sont de petites structures privées, dont certaines administrent seulement cinq ou six centrales nucléaires.
La peur du nucléaire
Après le grave accident survenu en 1979 en Pennsylvanie, sur la centrale nucléaire de Three Mile Island, les Américains ont développé une culture anti-nucléaire. A l’issue de plusieurs années d'investigations, il a été démontré que 50% du cœur du réacteur a fondu. La gravité de cet accident a marqué les esprits et a freiné brutalement l'exploitation de l'énergie nucléaire.
Après cet évènement, des centrales nucléaires en cours de construction n'ont pas été terminées, et celles qui étaient sur le point de démarrer n'ont jamais fonctionné. La méfiance est donc toujours grande, d'autant plus que les Etats-Unis n'ont pas résolu le problème du stockage des déchets radioactifs. La décision de construire des usines de retraitement est toujours en suspens.
Les Etats Unis représentent le premier marché mondial du nucléaire. Le Français Areva est y déjà présent puisque le groupe emploie 7000 salariés. L'objectif d'Areva est de construire quatre réacteurs EPR, mais aussi de se positionner sur le marché de la maintenance et du recyclage des combustibles usés, secteur où Areva est leader mondial. Mais le groupe français sera confronté à la concurrence d'un autre géant : Westinghouse, présent à 60% sur le nucléaire américain.