Avec notre correspondante à Jérusalem, Catherine Monnet
C'est le chantier le plus controversé de Jérusalem. Le projet remonte à 2002 et prévoit de construire un musée de la Tolérance en plein cœur de la ville sainte. Mais le site choisi est un ancien cimetière musulman du 12è siècle et les premiers travaux mettent au jour des dizaines de tombes et des centaines d'ossements.
Aucun des recours juridiques déposés par les associations palestiniennes pour faire cesser les travaux n'ont abouti. C'est pour cela que 60 descendants de familles enterrées au cimetière de Mamilla se tournent aujourd’hui vers les Nations unies. Parmi eux, des membres de la famille Husseini : « Mon grand-père, du côté de mon père, Jamal Eddine Al-Imam, est enterré là-bas. Pour moi, c’est notre histoire, notre présent et notre avenir. C’est notre patrimoine ».
La famille Dajani n’est pas d’accord non plus sur ces travaux. « J’ai juste énormément de mal à comprendre pourquoi quiconque ferait une chose comme ça. Surtout que si c’est pour construire un musée de la Tolérance, je trouve ça encore plus difficile à comprendre, que les gens puissent être si peu tolérants en le faisant ».
Même réaction du côté de la famille Al-Imam : « Ils auraient pu venir nous demander ce que nous en pensions, de construire un musée là-bas. Il faut qu’on nous entende car ce sont nos ancêtres qui reposent là. Ce ne sont pas des ancêtres juifs. C’est nous qui sommes là. Ils peuvent faire leur musée ailleurs, n'importe où! ».
Les signataires dénoncent la désacralisation d'un site religieux mais, pour eux, l'enjeu c'est surtout de ne pas laisser s'effacer les traces de leur passé dans la ville sainte.
Le musée de la Tolérance est financé par le centre Simon Wiesenthal, qui a
édifié un musée éponyme à Los Angeles (Etats-Unis).