De notre correspondant de Johannesburg, Nicolas Champeaux
Le chef des services secrets, Niel Barnard, approche Mandela à la prison de Pollsmoor, en mai 1988. Il souhaite connaître ses vues sur le concept d’une solution négociée, sur le futur rôle qu’il envisage pour le Parti communiste sud-africain, et s’il prévoit d’abandonner la lutte armée.
Mandela rencontre en secret le président Pieter Willem Botha en juillet 1989. Le chef de l’ANC parle des Afrikaaners et de la guerre anglo-Boer, ce qui séduit le président. En détention à Robben Island, Mandela a appris la langue des Afrikaaners, il s’est penché sur leur histoire, et a lu leurs poètes.
Réalisme
Mais lorsque les autorités soumettent à Mandela l’idée d’un droit de veto pour la minorité blanche au sein des futures institutions, celui-ci s’y oppose avec véhémence. Frederik de Klerk succède à Botha en août 1989. Mandela le rencontre en décembre de la même année. Une fois encore, on le fait entrer en cachette, par le garage.
De Klerk souhaite aller vite. Il sait que son parti politique est du mauvais côté de l’Histoire. Il est surtout réaliste. Le Mur de Berlin est tombé. Le gouvernement de l’apartheid ne peut plus prétendre s’opposer à l’ANC pour enrayer l’expansion communiste. Le 2 février 1990, de Klerk annonce la libération de Mandela. Le 11 février, ce dernier franchit à pied les derniers mètres de sa « longue marche vers la liberté ».