Quelle justice pour les défenseurs des sans-terres ?

Un grand propriétaire terrien brésilien, Vitalmiro Bastos de Moura, accusé avoir commandité l'assassinat en 2005, à Anapu, de la missionnaire nord-américaine Dorothy Stang qui défendait les petis paysans d'Amazonie, s'est rendu samedi à la police pour être incarcéré. Il devra -en principe- rester en prison le temps que le recours de sa condamnation en première instance soit examiné.

Avec notre correspondante à Brasilia, Annie Gasnier

Le commanditaire de l´assassinat de Dorothy Stang est en prison. Mais pour combien de temps? Son avocat vient déjà d´annoncer qu´il va demander à la Cour suprême la remise en liberté de son client, victime selon lui d´arbitraire. Pourtant, le fermier Vitalmiro de Moura a été condamné à 30 ans d´enfermement par la cour d´assises de l´Etat amazonien du Para en 2007. Depuis, la multiplication des recours lui a permis de passer fort peu de temps derrière les barreaux.

Pareil pour l´autre gros fermier d´Anapu, Regivaldo Galvao, lui aussi accusé d´avoir payé les trois hommes qui avaient tiré sur la soeur Dorothy Stang le 12 février 2005. Seuls les trois «pistoleiros», les exécutants, sont en prison. La religieuse nord-américaine, âgée de 73 ans était très connue pour son engagement en faveur des sans-terres et petits paysans d'Amazonie et sa tête avait été mise à prix. Elle a été abattue alors qu'elle venait d'assister à une réunion avec des paysans dans la localité d'Anapu.

En appel, Vitalmiro de Moura avait obtenu son acquittement, l´un des assassins revenant soudain sur son témoignage, et niant avoir reçu de l´argent pour abattre la missionnaire. Le revirement avait choqué la famille Stang, les défenseurs des droits de l´homme, et même le président Lula. Mais au Brésil, les commanditaires de crimes en milieu rural, sont rarement jugés. Et encore plus rarement emprisonnés.
 

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