L'éducation sexuelle doit rentrer à l'école

Avant la remise mardi 2 février 2010 du rapport de Claire Aubin et Daniel Jourdain-Meyer sur l'état des lieux de la contraception et de l'avortement en France, la ministre française de la Santé, Roselyne Bachelot, se dit « frappée d'apprendre que deux tiers des filles de 3e pensent encore qu'on ne peut pas tomber enceinte lors du premier rapport sexuel ». L'information en matière d'éducation à la sexualité doit entrer en milieu scolaire pour faire reculer le nombre de grossesses chez les mineures.

Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) relève « la situation paradoxale » du pays, qui cumule un fort taux de natalité, un taux de diffusion de la contraception « parmi les plus élevés au monde » et un taux d'interruption volontaire de grossesse (IVG) qui « reste à un niveau relativement important » (30% chez les mineures).

L'état des lieux est sévère. Avec « Luc Chatel, ministre de l'Education, nous allons mettre le paquet sur l'information en milieu scolaire » insiste la ministre, constatant qu'il y a « un réel manque d'information et d'éducation à la sexualité des plus jeunes ». Le ministère veut également permettre aux mineures de consulter anonymement et gratuitement un médecin généraliste pour accéder à la contraception. Les jeunes filles pourront bientôt renouveler leurs ordonnances de pilule auprès des infirmières scolaires et des pharmaciens sans passer par un médecin.

Selon les enquêteurs, quatre Françaises sur dix auront un jour recours à une IVG. Environ 200 000 femmes y font appel chaque année en France, où cette pratique est autorisée depuis 1975. Depuis 2001, l'IVG est autorisée jusqu'à 12 semaines de grossesse et prise en charge par la Sécurité sociale. La ministre entend par ailleurs revaloriser d'au moins 10% la tarification des IVG (actuellement, selon la technique utilisée, de 250 euros à 450 euros sont versés aux établissements). Le rapport note la baisse du nombre d'établissements qui proposent cet acte médical - passé de 729 en 2000 à 639 en 2006 - et de fortes disparités régionales.

Par ailleurs, Roselyne Bachelot relève que « 50% des IVG sont pratiqués chez des femmes qui sont sous contraception pilule ou stérilet ». Un « taux d'échec préoccupant » que les auteurs du rapport mettent sur le compte d'une inadéquation entre les méthodes contraceptives et les pratiques. A la demande du ministère, les agences régionales de santé devront inscrire un axe « prévention et prise en charge des grossesses non désirées dans les plans régionaux de santé ».

L'association Ni putes ni soumises réclame pour sa part « un service public de l'accès à la contraception et à l'avortement » : « Tous les hôpitaux publics doivent pouvoir permettre aux jeunes femmes d'avoir des informations sur la contraception et pratiquer l'avortement », a déclaré sur France 3 sa présidente, Sihem Habchi car estime-t-elle, « les femmes, si elles n'ont pas l'information à temps, réagissent trop tard (...) Et alors soit c'est un avortement pratiqué en dehors du territoire français, soit elles gardent l'enfant, elles se marient et des vies peuvent être gâchées », a-t-elle estimé.

Quant à la présidente socialiste de Poitou-Charentes, Ségolène Royal, elle reproche au gouvernement de lui interdire de diffuser dans sa région un « Pass contraception » permettant l'accès gratuit à la consultation médicale et à la contraception par l'intermédiaire des infirmières scolaires.

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