Avec notre envoyé spécial à Conakry, Cyril Bensimon
Soixante-trois morts, dont dix-neuf par arme à feu, trente-six agressions sexuelles, vingt-et-un disparus, aucun charnier identifié. Après trois mois de travail, la commission nationale d’enquête vient de produire un rapport qui ne manquera pas d’être qualifié de partial.
Dès le départ, cette commission a été regardée avec suspicion par l’opposition et les organisations de défense des droits de l’homme qui n’ont pas voulu s’associer à ces travaux. Ce rapport final devrait les conforter dans leur choix.
A aucun moment, cette commission nationale, présidée par le procureur de la République de Labé, ne parle de crimes contre l’humanité ou de massacres.
Concernant les responsables des événements, elle indexe les leaders politiques qui ont appelé à la manifestation, ainsi que le lieutenant Toumba Diakité et ses hommes qui, selon elle, « se sont rendus au stade sans ordre présidentiel. Moussa Dadis Camara et le lieutenant-colonel Tiégboro Camara ne sont donc, d’après le président de la commission, responsables de rien ».
Enfin, au chapitre des recommandations, les enquêteurs guinéens demandent une amnistie générale pour les leaders de l’opposition, blessés dans la répression, au nom de la réconciliation nationale, et des poursuites contre le lieutenant Toumba Diakité en fuite depuis qu’il a tiré sur le chef de la junte il y a deux mois.