Même si le drame que vit Haïti s’est tout naturellement imposé à Davos, la réforme du système financier mondial et la crise sociale qui menace les pays riches devraient largement dominer les débats. Et si une session, en présence de Bill Clinton, l’émissaire spécial des Nations unies pour Haïti, sera bien consacrée jeudi 28 janvier 2010 à la reconstruction de ce pays, l’un des plus pauvres du monde, la très grande majorité des quelque 200 débats organisés par le Forum sera tournée vers l’après-crise et vers notamment la fragile reprise économique. Car si on ne parle plus aujourd’hui de récession, la croissance reste encore beaucoup trop faible pour endiguer l’explosion du chômage dans la plupart des économies développées.
Autant de thèmes que ne manquera d’évoquer Nicolas Sarkozy, invité cette année à prononcer le discours inaugural de ce 40ème forum de Davos. Il sera d’ailleurs le premier président français à s’exprimer devant cette assemblée qui accueille le gratin du monde des affaires. Son prédécesseur, Jacques Chirac, aurait dû être, en 2005, le premier chef d'Etat français à faire le déplacement à Davos mais il en avait été empêché au dernier moment par une tempête de neige qui l'avait contraint à s'exprimer par vidéoconférence. Il avait, à cette occasion, défendu l’idée d’une taxe sur les billets d’avion destinée à financer les traitements contre le sida.
Le retour des banquiers
Dans son discours, Nicolas Sarkozy devrait pour sa part défendre une nouvelle fois la nécessité de réguler le système financier mondial. Une idée qui est loin de faire l’unanimité chez les banquiers dont c’est le grand retour cette année à Davos. Accusés en 2009, d’être les principaux responsables du désordre financier mondial qui a plongé l’économie de la planète dans la crise, les dirigeants des grandes banques s’étaient en effet faits très discrets. Cette année, ils reviennent en force avec la ferme intention de défendre leurs intérêts face aux politiques.
Cette détermination a notamment été renforcée par l’annonce, il y a quelques jours par Barack Obama de son intention de légiférer pour limiter la taille et les activités des banques. Une initiative saluée par la plupart de ses homologues occidentaux. Autant dire que la hache de guerre est déterrée entre des banquiers opposées à une surrégulation de leur activité et des hommes politiques soucieux d’éviter que de nouvelles crises n’émergent. Davos devrait donc être cette année le théâtre d’intenses tractations pour tenter de calmer les ardeurs des politiques.