Nouvelle stratégie allemande en Afghanistan : plus de troupes mais retrait annoncé

Deux jours avant la conférence de Londres, Berlin pressé par ses alliés d’augmenter sa présence sur le terrain et confronté à une opinion de plus en plus hostile à l’intervention militaire de la Bundeswehr définit une nouvelle stratégie qui ne convainc pas.

De notre correspondant à Berlin

Rarement l’Afghanistan aura été autant au centre de l’actualité en Allemagne. Après une rencontre avec les différents partis, Angela Merkel puis trois ministres ont donné chacun une conférence de presse mardi 26 janvier 2010 pour présenter leur nouvelle stratégie définie comme « un tournant ».

Berlin, pressé depuis des mois par les Etats-Unis d’augmenter sa présence sur place, se devait de réagir avant la réunion de Londres jeudi 28 janvier. L’Allemagne, présente en Afghanistan avec un maximum de 4 500 hommes et troisième contributeur derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, va augmenter son déploiement militaire. 500 militaires supplémentaires sont prévus; une réserve de 350 soldats sera constituée.

Le Parlement allemand devra voter dans les semaines qui viennent sur la modification du mandat de la Bundeswehr. Angela Merkel s’est efforcé de convaincre l’opposition sociale-démocrate de soutenir son projet. Pour séduire la gauche – mais aussi une opinion résolument hostile à l’intervention et à son extension – la chancelière a mis en avant les aspects civils de la présence allemande. La formation des policiers afghans doit être étendue : 1 400 hommes au lieu de 280 seront chargés de cette mission. L’aide à la reconstruction va être doublée passant de 220 à 430 millions d’Euros par an : les trois quarts des habitants doivent avoir un travail dans la partie nord du pays d’ici 2013 contre un tiers aujourd’hui et 700 kilomètres de routes construits pour citer deux exemples.

Autre annonce à l’adresse notamment des sociaux-démocrates qui réclament un calendrier pour le retrait : le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle a déclaré que la Bundeswehr réduira progressivement sa présence à compter de l’an prochain avec comme perspective un transfert des responsabilités aux autorités afghanes d’ici 2014. Le patron du parti libéral a toutefois précisé que cela ne signifiait pas automatiquement un retrait complet des forces allemandes d’ici quatre ans.

La nouvelle stratégie allemande n’a pas convaincu les observateurs à commencer par la presse de ce mercredi. « Demi-vérités », « contradictions », « de grandes déclarations qui ne coûtent rien » : les commentaires sont pour le moins négatifs. Les renforts sont jugés insuffisants par rapport aux besoins ; le développement de l’aide civile n’est pas considéré comme une nouveauté. Les 50 millions d’euros destinés à réintégrer des talibans repentis risquent, pour la presse allemande, de ne servir qu’à alimenter la corruption rampante. En résumé, beaucoup estiment que Berlin hésite à prendre un nouveau cap pour avant tout gagner du temps en attendant un retrait que l’opinion souhaite le plus rapide possible.

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