Les premiers sont gros et dotés d’une terrible mâchoire hérissée d’une double rangée de dents acérées ; les seconds sont plats et se confondent avec les roches. Pourtant requins et raies font partie, avec les chimères, d’un même groupe zoologique de poissons cartilagineux désignés sous le terme de chondrichtyens. Ce n’est pas tant leur taille qui distingue les espèces de ce groupe que leurs capacités motrices et sensorielles hors du commun. Mais de la plus grosse et impressionnante à la plus petite, toutes ces espèces sont aujourd’hui en réel danger d’extinction. Selon une étude publiée en mars 2007 dans la revue Science, les populations de requins de l'Atlantique-Nord ont chuté de plus de moitié au cours des 15 dernières années et certaines espèces approchent du point de non-retour.
L’exposition présente quelques squelettes, dents, mâchoires fossiles dont certains ont plusieurs centaines de millions d’années. Les pièces proviennent des collections de paléontologie du Muséum national d’Histoire naturelle. Une vingtaine de spécimens naturalisés pour cet événement par Bernard Bourlès, unique spécialiste de la taxidermie de ces poissons cartilagineux en France, enrichissent l'exposition.
Le requin, particulièrement menacé par la pêche intensive du fait qu'il ne se reproduit pas rapidement, fait partie des 641 espèces figurant sur la liste rouge des espèces menacées. Dans les eaux françaises en général, le grand requin blanc et tous ses frères -requins marteau, taureau, baleine, pèlerin et océanique- sont particulièrement vulnérables en raison d’une pêche intensive liée à la commercialisation de la chair de ce poisson : la France est le deuxième consommateur de requins en Europe, derrière l’Espagne.
Le cerveau fossile de chimère, vieux de 300 millions d’années fait figure de pièce maîtresse. Premier cerveau fossilisé jamais découvert au monde, par les scientifiques du Muséum en mars 2009 au Kansas, Etats-Unis, il est pour la première fois exposé au public. Autre pièce phare : la reconstitution grandeur nature d’une mâchoire de Megalodon -considéré comme étant probablement l'ancêtre du requin blanc- qui mesure près de 2 mètres de hauteur (prêté par le parc zoologique de Doué La Fontaine). Il s’agit de l’un des plus gros spécimens de requins n’ayant jamais vécu sur Terre.
Quelques seigneurs des mers vivants évoluent dans l'aquarium ... tels que requin-zèbre (pêché dans l’océan pacifique), requins-chabot (issus de reproductions en aquarium), requins à pointes noires (pêchés en Indonésie), ainsi que plusieurs espèces de raies d’Amazonie qui se reproduisent régulièrement à l’Aquarium de la Porte Dorée. Des images issues des rushs du film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud Océans permettent en outre de découvrir les requins et leurs cousins dans leurs milieux naturels, et sensibilisent les visiteurs à ces animaux marins qui ne demandent qu’à perdre leur réputation de « grands méchants », et à être protégés des menaces qui pèsent sur eux et par ricochet, sur l’ensemble de la biodiversité marine.
En effet, la décimation des populations de poissons carnivores exerce de « graves effets collatéraux » sur toute la chaîne alimentaire qui se trouve déstabilisée. Ainsi, aux Caraïbes, où les requins carnivores sont en diminution, les mérous prolifèrent. Ces derniers consomment plus de poissons herbivores, lesquels, moins nombreux, laissent les algues proliférer au détriment des coraux. En résumé, la mort des requins annonce celle des coraux.
Les requins sont globalement considérés comme des serial killers et ce, davantage encore depuis le film de Spielberg, Les dents de la mer. Pourtant, toutes les espèces ne sont pas dangereuses pour l'homme et seule une dizaine représente un réel danger sur les quelque 470 espèces répertoriées dans le monde.
Pour en savoir plus :
Visiter le site de la Station de biologie marine de Concarneau
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