Probo Koala : controverse autour de l’indemnisation des victimes

Il y a 4 mois, un accord avait été conclu entre l'affréteur du Probo Koala, Trafigura, et le cabinet d'avocats Leigh Day & Co pour l'indemnisation de 30 000 victimes. Un mois plus tard, alors que Leigh Day & Co s'apprêtaient à distribuer l'argent, la justice ivoirienne a bloqué les fonds, soit 22 milliards et demi de francs CFA, à la demande d'une Coordination nationale des victimes des déchets toxiques. Et le 22 janvier, dernier développement : la justice ordonne que l'argent soit versé sur le compte de cette coordination pour qu'elle se charge elle-même de distribuer ces indemnisations.

C'est donc à la Coordination nationale des victimes des déchets toxiques (CNVDT-CI) que la justice ivoirienne confie le soin de distribuer les indemnités aux victimes. Une coalition présidée par Claude Gohourou.

Au cabinet Leigh Day & Co, les juristes comme Pauline Kahn sont sous le choc. « J’ai travaillé trois ans en Côte d’Ivoire. Les clients qu’on a, je les ai rencontrés au moins une fois, tous. Et dire qu’on s’est battu trois ans ensemble pour avoir ces dédommagements... ça fait des mois que les victimes attendent..., sanglote la juriste. Et elle poursuit : « Beaucoup vivent dans des villages ou dans des quartiers précaires à Abidjan, souvent avec des grandes familles. Ils auraient utilisé cet argent pour beaucoup d’entre eux pour aller voir des médecins. On ne peut qu’avoir mal au cœur. On a des preuves que l’association n’a pas été créée légalement. Il y a même une plainte officielle contre monsieur Gohourou pour fraude. C’est donc difficile de croire à une distribution juste de ces dédommagements ».

Claude Gohourou promet pourtant de commencer la semaine prochaine à distribuer les indemnités. Et il exige la publication de l'accord conclu entre Leigh Day & Co et Trafigura, qu'il juge douteux : « Pourquoi ils nous disent que notre protocole d’accord est secret ? Nous sommes les clients du cabinet Leigh Day & Co. Nous sommes en droit de réclamer l’issue au terme du contrat qui a été signé en notre nom. Les 30 000 victimes seront indemnisées : 750 000 francs par victime. Ce que nous allons considérer comme un acompte en attendant que le cabinet Leigh Day & Co nous ramène les 39 milliards, qu’ils ont gardés par-devers eux, produits par Trafigura ».

A la question de savoir s’il pense que le cabinet a gardé de l’argent, Claude Gojourou répond : « Ah oui ! 39 milliards comme frais d’honoraires, alors qu’ils nous envoient ici 22 milliards 500 millions en échange d’un protocole d’accord ! »

« De cela, il n'y a aucune preuve », dit de son côté Amnesty International. Et l'ONG dénonce dans la décision rendue vendredi une tentative de détournement de fonds.

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