Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Cela faisait déjà plusieurs jours que la tension était palpable à Rosarno, ville située dans la province de Reggio de Calabre, peuplée de 15 000 Italiens et où vivent plusieurs milliers d’immigrés, entre les mois de décembre et de mars, période de la récolte des mandarines et des oranges. Ils sont originaires du Ghana, de la Côte d’Ivoire, du Soudan, de la Mauritanie ou encore du Sénégal. Plus de vingt nationalités sont représentées.
Leur point commun : ils sont sans papiers, doivent se contenter de 25 euros pour quinze heures de travail par jour. Sur cette somme, les chefs de la mafia, la puissante Ndrangheta, exigent 5 euros. Rares sont ceux qui dorment sous un vrai toit. Ils trouvent refuge dans des bâtiments abandonnés ou sous des tentes.
Jeudi, 7 janvier, des coups de fusil à air comprimé, tirés contre un groupe d’Africains ont déclenché une véritable guérilla urbaine. Les immigrés révoltés, ont incendié des voitures et poubelles, brisé des vitrines de magasins à coups de bâtons, menacé la population.
Ce vendredi 8 janvier 2010, écoles et magasins sont restés fermés. La situation demeure très tendue, malgré un renfort sensible des forces de l’ordre sur les lieux.