« Vous allez devoir supporter près de trois heures de Jospin et même de Lionel, encore que ma femme prétend qu’on voit plus Jospin que Lionel, comme d’habitude », lance en guise d'introduction, l'ancien Premier ministre. Ils sont venus, ils sont tous là, ou presque, visages un peu vieillis, un peu de nostalgie aussi quoi qu’en dise l’ancien communiste Robert Hue, l’une des figures de l’ex-gauche plurielle : « non, je ne suis pas nostalgique. Je considère en même temps que ce furent des années dont parfois le regard qui est porté sur elles est un peu injuste » .
C’est sûrement ce que pense aussi Lionel Jospin. Mais à 72 ans, l’ancien Premier ministre cette fois, c’est sûr, a bien tourné la page : « Je pense qu’il y a dans ce récit filmé des enseignements à tirer, mais quant aux leçons, elles doivent être tirées par les responsables actuels. Et je ne suis plus un responsable moi. Jospin, le retour aujourd’hui, mais le retour vers le passé ».
Un passé presque encombrant : Lionel Jospin fut le dernier leader socialiste incontesté. L’actuelle patronne du PS (Parti Socialiste) Martine Aubry, en convient : « sa génération n’a pas préparé la suivante. Mitterrand avait, vous le savez, plusieurs fils spirituels. Et nous, nous sommes un certain nombre à être peut-être des cousins germains. Et aucun aujourd’hui ne s’impose véritablement ».
Lionel Jospin a laissé la gauche orpheline, à l’écart du pouvoir, pendant au moins deux quinquennats.