Novartis prend le contrôle d'Alcon

Pour dix-neuf milliards et demi d'euros, le groupe suisse Novartis s'offre Alcon, le numéro 1 mondial des produits ophtalmologiques. Une opération qui confirme le mouvement de consolidation qui s'opère dans l'industrie pharmaceutique.

Numéro 4 mondial du secteur, Novartis détient désormais 77% d’Alcon, le spécialiste incontesté des produits ophtalmologiques. Le groupe suisse ne compte d'ailleurs pas s'arrêter en si bon chemin puisqu'il envisage d'acquérir très prochainement les 23% restants. L’objectif de Novartis est d’occuper une position dominante dans ce secteur qui connaît une croissance soutenue et dont le niveau de marge dépasse les 30%.

Le groupe prévoit ainsi, dans un premier temps, des synergies de l'ordre de 140 millions d'euros par an, auxquels s'ajouteront environ 40 millions d’euros en cas de succès de l'acquisition totale d'Alcon. Novartis a récemment créé une division ophtalmologie, un secteur en plein essor en raison notamment du vieillissement de la population. Les ventes dans ce segment ont rapporté l'année dernière plus d’un milliard d'euros au groupe suisse.

Expiration des brevets

Cette prise de contrôle d'Alcon par Novartis confirme en réalité un mouvement plus large dans l’industrie pharmaceutique qui connaît une profonde restructuration. La concentration s'est en effet accélérée ces derniers mois dans le secteur et plusieurs opérations importantes de fusion-acquisition ont été réalisées l'année dernière.
Le numéro 1 mondial Pfizer a ainsi racheté pour près de 50 milliards d'euros Wyeth, le numéro 9 du secteur. Le groupe Merck a déboursé près de 30 milliards d'euros pour racheter son concurrent Shering-Plough et le Suisse Roche a engagé la même somme uniquement pour prendre le contrôle total de sa filiale Genentech.

Ce mouvement de consolidation trouve ses origines dans les profonds bouleversements que traverse l’industrie pharmaceutique. Les grands laboratoires sont de plus en plus confrontés à l'expiration des brevets qui protègent leurs médicaments vedettes, ces fameux blockbusters dont les seules ventes leur rapportent chaque année plusieurs milliards d'euros. C'est le cas par exemple du Lipitor, l'anti-cholestérol de Pfizer ou de l'Effexor, l'anti-dépresseur de Wyeth. On estime ainsi que le secteur pharmaceutique devrait voir disparaître quelque 70 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans les cinq ans.

Un mouvement de consolidation qui s’accélère

Mais cette chute brutale de l'activité, qui fragilise certains laboratoires et qui en fait des proies faciles pour leurs concurrents, n’explique pas à elle seule la consolidation que connaît le secteur. La mise sur le marché de nouvelles molécules est en effet de plus en plus onéreuse. Les coûts de R et D, recherche et développement, restent très élevés et aucun laboratoire ne peut aujourd'hui se spécialiser dans tous les domaines. La nécessité pour les industriels du secteur de se trouver des partenaires qui leur permettront d'accroître la gamme des produits qu'ils contrôlent sur le marché s’est donc imposée d’elle-même.

Ce mouvement de consolidation devrait s’accélérer dans les mois qui viennent dans la mesure où l'industrie pharmaceutique est un secteur très atomisé. Avec 52 milliards d'euros de chiffre d'affaires, Pfizer, le numéro 1 mondial, est en effet loin devant son premier concurrent Merck-Shering Plough qui enregistre un chiffre d'affaires d'à peine 32 milliards d'euros. Or Pfizer ne contrôle que 12% du marché mondial du médicament. Les grandes manœuvres dans l’industrie pharmaceutique ne font donc que commencer.

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