Premier constat du rapport : la prison de Dar Naïm conçue pour accueillir 300 détenus en héberge près de 1 000. Pour Maître Hadj Sidi, qui a participé à sa rédaction, cette surpopulation s’explique notamment par un recours excessif du Parquet à la détention préventive : « Il y a des détenus qui sont en détention préventive depuis 2002. D’autres depuis 2003, 2004, et qui n’ont pas encore été jugés. Parmi ces détenus, certains, s’ils avaient été jugés, risquaient une peine allant de trois à quatre années d’emprisonnement. Ils sont donc en train de purger en préventive, une peine peut-être supérieure à la peine à laquelle ils auraient été condamnés ». Contacté par RFI, le procureur de la République n’a pas souhaité répondre.
Autre dénonciation du barreau : les mauvaises conditions sanitaires dues à l’absence d’infirmerie, mais aussi à la surpopulation qui facilite la transmission des maladies infectieuses. Enfin, le rapport fait état d’un climat de violence permanent entre les détenus, mais relaie aussi des allégations de torture par les gardiens. « Soyons clair : ce sont les propos des détenus. Ils montrent certaines cicatrices et vous disent que c’est à la suite de telle ou telle situation. Pouvons-nous certifier que de telles séquelles proviennent effectivement des actes de torture ? Non. Nous attirons l’attention et disons que d’après les propos recueillis, il semble que la torture serait d’usage » avance prudemment maître Hadj Sidi.
La responsable de la direction de l’Administration pénitentiaire indique qu’elle n’a pas connaissance de telles pratiques. Elle admet que la surpopulation de Dar Naïm pose problème, mais souligne que depuis plus d’un an, il existe une réelle volonté politique de développer les infrastructures. La construction à Aleg d’une prison de 650 places est ainsi prévue pour 2010. « Nous partons de très loin, mais cela bouge vraiment » conclut-elle.