Le Nigérian qui a tenté de faire exploser un avion américain assurant un vol entre Amsterdam et Detroit, a utilisé un mélange de poudre explosive et de liquide, une technique nouvelle que les experts jugent indétectable aux rayons X. C’est ce que rapportent plusieurs médias américains.
Sous couvert d'anonymat, un responsable de la sécurité a indiqué à la chaîne américaine de télévision CBS que le suspect a utilisé « une seringue pour injecter un liquide chimique dans une poudre qu'il avait caché au niveau du haut de la cuisse », une « technique jamais observée jusqu'à maintenant », selon ce responsable. Le New York Times évoque la même technique.
Toujours selon la chaîne CBS, citant un responsable policier, le dispositif reposait sur du PETN ou penthrite, un explosif de la famille de la nitroglycérine renfermé dans une poche en plastique qui pourrait être un préservatif. D'après des enquêteurs cités cette fois par la chaîne américaine ABC, le suspect portait 80g de cet explosif, le penthrite qui avait été cousu dans ses sous-vêtements.
Les passagers du vol 253 de Northwest Airlines ont raconté avoir entendu un bruit fort et vu une lumière intense avant que des flammes n'apparaissent à l'intérieur de la cabine. D'après la chaîne ABC, les « dirigeants d'al-Qaïda au Yémen » sont à l'origine de cet attentat manqué.
Le suspect qui venait du Nigeria a pris une correspondance à Amsterdam où « un contrôle de sécurité a eu lieu », ont indiqué les services du coordinateur national contre le terrorisme (NCTB) néerlandais. « Selon les premiers éléments de l'enquête, ce contrôle a été réalisé selon les prescriptions », dit cet organisme, assurant « qu'aucun dysfonctionnement n'a pu être constaté ».
« On ne peut exclure que des objets potentiellement dangereux soient amenés à bord, surtout des objets qui sont difficiles à détecter avec les technologies de la sécurité actuelles comme les portiques de détection de métaux », a expliqué le NCTB.
Pour Douglas R. Laird, ancien directeur de la sécurité de Northwest Airlines, tant que ces portiques ne seront pas « remplacés par des scanners corporels » pour inspecter les passagers, « le danger ne sera pas écarté ». Ce spécialiste des questions de sécurité estime en effet « que si vous n'utilisez pas un scanner corporel, vous ne pouvez pas savoir ce qu'une personne a sous ses vêtements ».
Mais l'utilisation de ces scanners est controversée, en raison notamment des présomptions de voyeurisme. Les ondes de ces appareils traversent en effet les vêtements et dessinent sur l'écran le corps dévêtu, en trois dimensions. Et ces scanners coûtent cher: plus d'un million de dollars, quand un appareil à rayon X classique vaut moins de 50 000 dollars, selon M. Laird.
L'expert en sécurité aéroportuaire Glenn Schoen a estimé sur CNN que les professionnels de la sécurité « s'inquiétaient » d'éventuelles « attaques terroristes qui pourraient s'inspirer » de la technique utilisée vendredi.
Selon cet expert, les autorités internationales vont devoir s'assurer que les éléments qui ont servi d'explosif au terroriste seront maintenant recherchés dans tous les aéroports du monde, ce qui va impliquer un « changement dans les habitudes », des « séances de formation » spécifiques et des « fouilles supplémentaires ».
« Cela va être très difficile », a-t-il prévenu. D'autant qu'il faudra se méfier « des dispositifs explosifs qui pourraient être assemblés en vol grâce aux éléments apportés à bord par plusieurs passagers », insiste-t-il.