La Constitution est discriminatoire, à l'égard des citoyens qui ne sont ni Croates, ni musulmans, ni Serbes. Formulé autrement, il y a donc discrimination à l'encontre des autres communautés, les minorités qui représentent tout de même 7% de la population.
A l'origine de ce texte aujourd'hui stigmatisé, ce sont les accords de Dayton, qui en 1995 ont mis fin à quatre ans de guerre interethnique. A l'époque il s'agissait d'établir un équilibre institutionnel entre belligérants, d'empêcher que l'un des camps ne s'impose à l'autre.
D'où la création d'un Etat qui rassemble la Fédération croato-musulmane et la Republica Srpska, serbe. Un équilibre si fragile qu'il avait besoin d'être garanti. Ainsi a-t-il été décidé que l'accès au Parlement et à la présidence tripartite serait réservé aux peuples « constituants », il faut donc être Serbes, ou Croates, ou musulmans bosniaques.
Cette condamnation par la Cour européenne de Strasbourg pourrait servir les intérêts de la communauté internationale qui plaide pour une refonte de l'équilibre institutionnel au profit d'un renforcement du pouvoir central. Ce que rejettent les Serbes de Bosnie qui menacent de faire sécession si on réduit leur prérogatives.