Protégé par son immunité présidentielle, Asif Ali Zardari n’a en théorie rien à craindre des pressions politiques. Ce bouclier lui a été octroyé en septembre 2008 lors son élection à la tête de l’Etat pakistanais. C’est pourtant sur ce terrain que l’opposition se fonde pour contester la validité du scrutin.
Selon Siddiqul Farooq, le porte-parole de la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz joint par RFI : « l’annulation de l’ordonnance de réconciliation qui date de 2007 remet moralement en cause le processus politique qui a permis l’élection de Zardari. En conséquence, Zardari doit démissionner et avec lui ses ministres et tous les parlementaires qui le soutiennent. » L’opposition se place à dessein sur le terrain moral car la constitution pakistanaise affirme que les candidats à une élection doivent être « pieux, honnêtes et digne de confiance ». Si la Cour a annulé l’ordonnance de réconciliation, c’est qu’il y a des soupçons de corruption.
Zardari semble hors d’atteinte. Mais les huit mille autres personnes qui avaient bénéficié de cette amnistie ne le sont pas. Ce qui explique la brève déclaration du Premier ministre ce jeudi. Yussouf Gilani a précisé que son gouvernement attendait les détails du décret de la Cour suprême pour prendre des décisions. Discrètement, des avocats sont déjà en train de plancher pour évaluer les conséquences judiciaires de cette affaire.
« C’est comme si la Cour avait ouvert la boîte de Pandore », explique un analyste politique à Islamabad.
L’opposition, emmenée par la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz, entend bien capitaliser sur la décision de la Cour suprême pour faire tomber le gouvernement et pousser une grande partie des parlementaires à la démission.
Pour le moment, les attaques ont été portées par des cadres moyens du PML-N.
Toutefois, Nawaz Sharif, l’ancien Premier ministre, pourrait rapidement prendre la tête de la fronde afin de lancer une véritable campagne politique contre le président. Parce que la constitution pakistanaise le permet, Siddiqul Farooq appelle d’ailleurs les citoyens à s’emparer du débat pour remettre en cause la légitimité du président Zardari.
On est encore loin de la lame de fond qui avait emporté Pervez Musharraf, forçant le général-président à la démission. Pour le moment, seul un conseiller du gouverneur du Penjab a démissionné. Siddiqul Farooq voit là un signe de bon augure : « cela doit encourager les autres à suivre cette voie. »