La tension monte autour de la question kurde

Deux manifestants kurdes ont été tués par un commerçant en colère le 15 décembre 2009 dans le sud-est, illustrant la tension de ces dernières semaines autour de la question kurde, attisée par la dissolution du principal parti pro-kurde.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Cinq jours après l’interdiction du parti pro-kurde DTP, les manifestations dégénérant en violences ont franchi un nouveau cap mardi 15 décembre dans le sud-est de la Turquie avec une fusillade à l’arme automatique qui a fait 2 morts et une dizaine de blessés. Pour briser le cycle infernal de la violence, les autorités ont cette fois commencé à réagir.

Depuis des semaines, les commerçants du sud-est turc sont forcés par les manifestations sauvages des militants pro-kurdes à fermer leur rideau de fer ; leur ras-le-bol est tel qu’ils avaient même défilé dans la rue pour protester contre cette sorte de couvre-feu imposé par les Kurdes radicaux.

Le même scénario s’est reproduit mardi dans un village de la province de Mus, mais l’un des boutiquiers a refusé de se plier à cette forme de couvre-feu. Quand son magasin et sa voiture allaient être incendiés, il a tiré dans la foule pour se défendre. Il a été interpellé et sa famille placée en sécurité par la police, car la réaction des manifestants ne s’est pas faite attendre : ils ont brûlé plusieurs bâtiments, banques et maisons, de la localité.

Face à cette brusque montée de tension, le vice-Premier ministre Bülent Arinç et le président de l’Assemblée sont sortis de la réserve observée jusque-là pour lancer des appels au calme.

Dans le même temps, la police a arrêté à la fois des casseurs qui avaient sévi ces derniers jours à Istanbul, à la fois des provocateurs qui avaient tiré sur les manifestants. Ils disent avoir été payés et armés par des inconnus. Le chef du gouvernement doit réunir ce matin les ministres concernés par la crise.

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