Un tiers du delta du Mékong sous les eaux ?

Vers la fin de ce siècle, avec une augmentation de la température moyenne de 2°C à 3°C, le Vietnam risque de voir des milliers de km2 du delta du Mékong engloutis par la mer. De fait, la grande métropole du sud, Ho Chi Minh Ville se trouve en première ligne. Telle est la prévision des scientifiques vietnamiens sur les conséquences des changements climatiques pour cette vaste région du sud du pays.  

Avec sa façade littorale de plus de 3200 km, le Vietnam est considéré comme l’un des 5 pays les plus exposés à la montée du niveau de la mer. Selon les différents scénarios de changements climatiques rendus publics en Août dernier par le ministère vietnamien des Ressources naturelles et de l’Environnement, si le niveau de la mer augmentait de 65 cm, plus de 6% de la superficie de Ho Chi Minh Ville seraient inondés. Si ce niveau progressait de 100 cm, environ 500 km2 de cette ville baigneraient dans l’eau.

La situation est encore plus critique en ce qui concerne le delta du Mékong où vivent 17 millions de personnes. Avec une superficie de 40 000 km2, il assure plus de 50% de la production du riz, et des fruits du pays. Dans l’hypothèse d’une hausse de la température de plus de 3°C au Vietnam, en 2100, le niveau de la mer augmenterait de plus de 100 cm et le plus grand grenier de riz du pays pourrait perdre 38% de sa superficie totale.

Dans un interview accordé à RFI, Dr. Nguyên Chu Hôi, directeur général adjoint du Département général de la mer et des îles du Vietnam souligne : « L’élévation du niveau de la mer entraîne des entrées d’eau saline de plus en plus profondes à l’intérieur du delta, réduisant la surface des terres arables, affectant gravement des écosystèmes et la biodiversité ».

Pour les scientifiques vietnamiens, il y a péril en la demeure

Durant ces dernières 50 années, le niveau de la mer au Vietnam a augmenté de 20 cm. Mais sous l’effet des changements climatiques, la progression d’eau saline dans le delta du Mékong est plus rapide, plus fréquente. Dr Lê Anh Tuan, chercheur à l’Institut DRAGON – Mékong, Université de Cantho (Delta Research and Global Observation Network - Mekong) a révélé : « Durant la saison sèche de cette année, à certains endroits, l’eau saline s’est enfoncée dans le delta 60km par rapport au niveau de l’année dernière ». Cette salinisation progressive est due à la combinaison de la hausse du niveau de la mer et la baisse du celui du Mékong, explique-t-il.
Le réchauffement de la planète provoque la dilatation thermique des océans, la fonte des glaciers augmentant le niveau des mers.

Pour les scientifiques vietnamiens, il y a péril en la demeure. Le delta du Mékong fait face à différentes menaces : réduction des terres cultivables, sécurité alimentaire en question, dégradation des écosystèmes, disparition de certaines espèces animales et végétales, augmentation de la pauvreté, déplacement de la population. Devant ce constat, le Vietnam cherche à établir une coopération internationale et pluridisciplinaire pour trouver un mécanisme approprié d’exploitation et de gestion du delta du Mékong.

La création d’un groupe consultatif international s’avère nécessaire. En Décembre 2008, le gouvernement vietnamien a approuvé un programme sur les objectifs nationaux de lutte contre les changements climatiques. Le budget prévisionnel pour ce programme est de 2000 milliards VND (environ 74 millions €) dont la moitié proviendrait des bailleurs de fonds étrangers.
 

Partager :