Incidents lors de la Journée nationale des étudiants

L’opposition au régime Ahmadinejad a voulu refaire surface au moment de la Journée des étudiants qui commémore la mort de trois étudiants tués en 1953 sous le règne de Mohammad Reza Pahlavi. La police anti-émeute a procédé à des arrestations.

Pour relancer le mouvement de contestation qui a suivi la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en juin dernier, l'opposition, et en particulier les partisans du candidat malheureux à la présidentielle Mir Hossein Moussavi, ont voulu saisir lundi l’occasion des rassemblements officiels organisés pour la Journée des étudiants qui commémore la mort de trois étudiants tués en 1953 sous le règne de Mohammad Reza Pahlavi. La police anti-émeute a procédé à des arrestations.

La police et les Gardiens de la révolution avaient promis de réprimer sévèrement les rassemblements « illégaux » et, de fait, ils ont pris dans leur ligne de mire les porteurs de ruban vert, le signe distinctif des partisans du réformiste Moussavi. Des heurts se sont produits et l’annonce d’arrestations a filtré du huis clos iranien interdit à la presse étrangère. Les journalistes étrangers ne sont en effet pas autorisés à quitter leurs bureaux entre le 7 et le 9 décembre.

Au vu des informations en provenance de Téhéran, il semble que le mouvement qui s'est organisé autour de Mir Hossein Moussavi soit parvenu à rester actif en dépit de la répression. Certains Iraniens soutiennent par ailleurs les manifestations sans y participer. C'est le cas de cet habitant de Téhéran rencontré à Paris par Nicolas Falez et qui a souhaité rester anonyme. Il estime très nombreux ceux qui endossent les couleurs de Moussavi.

Au sein du pouvoir, certains responsables sont d'ailleurs conscients que l'opposition bénéficie d'un soutien qui ne peut pas être ignoré. C'est le cas de l'ancien président Ali Akbar Rafsandjani qui appelle à l’instauration d’un « climat de liberté » et regrette que les dirigeants actuels n'acceptent pas les critiques d’après lui « constructives ». Ses propos laissent entrevoir la ligne de faille qui oppose désormais les dirigeants iraniens sur la manière de conduire la République islamique. Car l’enjeu n’est nullement de renverser cette dernière, comme le souligne Xavier de Roux, l'ancien président du groupe d'amitiés France-Iran à l'Assemblée nationale française.

Selon Xavier de Roux, la majorité des Iraniens aspire à la reconnaissance internationale. La question du nucléaire fait également consensus en Iran où le pouvoir joue en permanence sur la fibre nationaliste pour se justifier. Mais cela ne suffit pas à empêcher le mécontentement de continuer à s’exprimer contre « la ligne Ahmadinejad ». Ce 7 décembre, Jour des étudiants, les manifestants ont voulu répéter leur rejet du régime comme ils l’avaient fait le 4 novembre dernier en tentant de retourner les célébrations officielles du 30e anniversaire de la prise de l'ambassade américaine à Téhéran, pendant la Révolution islamique. Une stratégie habile, selon Xavier de Roux.

Ces manifestations sont suivies avec beaucoup d'attention aux Etats-Unis, en Europe et en Israël, où la plupart des responsables politiques caressent ouvertement l'espoir qu'elles entraînent un changement de régime, même si pour sa part le président américain Barack Obama a voulu tenter la carte du dialogue, en particulier sur la question nucléaire. Il a donné à Téhéran le temps de la réflexion jusqu’à la fin de l’année. Mais pour l’heure, tant sur le plan interne qu'avec les diplomates étrangers, le pouvoir iranien semble privilégier la confrontation, avec des conséquences qui restent imprévisibles.
 

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