Avec notre envoyée spéciale à Munich, Heike Schmidt
Le procès a repris ce mardi et c’est la défense qui a eu la parole pour cette deuxième journée d'audience qui a commencé avec un coup de théâtre. L’avocat de John Demjanjuk demande aussitôt la suspension de la procédure. Et pendant le discours- fleuve de 50 minutes qui suit, l’accusé reste immobile comme hier, lundi 30 novembre, sur son brancard. Juste une fois, il lève la main et murmure une prière. Des survivants de l'Holocauste ont d'ailleurs accusé Demjanjuk d'exagérer ses ennuis de santé pour bloquer le procès. Maître Busch déclare alors que John Demjanjuk a été extradé des Etats-Unis malgré une maladie mortelle et qu’il n’est pas possible aujourd’hui de le juger une deuxième fois pour les mêmes faits. L’avocat rappelle aussi que John Demjanjuk a été condamné à mort en Israël, qu’il a passé plus de 7 ans dans la prison avant d’être acquitté en 1993.
A l’époque, en fait, il était accusé d’avoir été gardien à Treblinka, mais aussi dans le camp de la mort à Sobibor. Pour Ulrich Busch, John Demjanjuk, prisonnier de guerre à l’époque, n’avait qu’un seul choix, la mort ou l’esclavage. Donc, selon Maître Busch, le présumé bourreau a souffert lui aussi de l’Holocauste, au même titre que les juifs. Ce même argument avait choqué hier, lundi, les rescapés présents dans la salle d’audience comme Jules Schelvis qui avait déclaré que lui était à Sobibor pour mourir, tandis que John Demjanjuk était là pour tuer.
Le procureur a alors tout juste le temps de lire les 10 pages de l’acte d’accusation. Elles présentent John Demjanjuk comme un fidèle serviteur du régime nazi. Avec conviction et sans le moindre état d’âme, il aurait forcé les juifs arrivant par train à descendre des rampes et à se déshabiller. Armé, n’hésitant pas à menacer et à maltraiter ces prisonniers, John Demjanjuk les aurait envoyés par la force dans les chambres à gaz. Il y a 15 trains qui sont arrivés à Sobibor entre avril et juillet 1943. Partis des Pays-Bas avec 29 579 personnes à bord, insiste le procureur, « ils étaient tous déportés à Sobibor pour être tués ».