Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard
Il y a cinq ans, en novembre 2004, ils étaient des centaines de milliers à se masser sur le Maydan, la place de l'Indépendance de Kiev, pour défendre la démocratie, la liberté et l'idée d'une Ukraine vraiment indépendante, européenne. A l'époque, ils disaient tous «TAK», « OUI » à leur héros Viktor Iouchtchenko. Le contraste est donc frappant avec ce triste dimanche, cinq ans plus tard, sur la même place.
Hier ils n'étaient pas plus d'une centaine à tenter de ranimer la flamme orange. Les autres, les passants ordinaires, ne veulent plus en entendre parler, de cette révolution manquée. Amertume et déception, alors que le pays n'a en cinq ans ni vaincu la corruption endémique, ni restauré la justice et la confiance, ni avancé sur la route d'une intégration européenne à laquelle on ne croit plus vraiment.
Iouchtchenko, l'homme de Maydan, n'a pas daigné se montrer sur la place ce dimanche. Dans un discours télévisé, il a critiqué ceux qui minimisent l'impact de cette révolution, et brandi la menace d'un nouveau Maydan. Mais la « génération orange » jure aujourd'hui qu'on ne l'y reprendra plus. C'est d'ailleurs le grand adversaire de la révolution, Viktor Ianoukovitch, qui part grand favori pour succéder à Iouchtchenko aux présidentielles de janvier prochain.