On connaissait l'axe Venezuela - Guinée Bissau, avec des avions bimoteurs à hélices, traversant l'Atlantique pour déposer des ballots de cocaïne dans l'archipel bissau-guinéen des Bijagos. La méthode était artisanale.
Les trafiquants viennent de passer à une phase pratiquement industrielle. Un vieux Boeing cargo de type 707 ou 727, avec sans doute plusieurs tonnes de cocaïne à bord a traversé l'Atlantique pour se poser entre Gao et Kidal, dans le nord du Mali. Grâce à un faux plan de vol et à une couverture radar quasiment inexistante dans cette zone, l'appareil à pu arriver à destination.
Trafiquants d'armes et de diamants
Selon un spécialiste de l'aéronautique établi en Afrique, ce n'est pas la première fois qu'un avion à réaction, peut-être un Boeing 707 ou un 737, se pose sur une piste en latérite. La méthode est bien connue des trafiquants d'armes et de diamants mais n'avait semble-t-il pas encore été employée à cette échelle par les trafiquants de drogue. La plus grande difficulté, précise cette source, consiste à trouver l'endroit où se poser, mais la chose est facilitée aujourd'hui par l'usage des systèmes de positionnement par satellite, les GPS.
L'avion qui a été retrouvé près de Tarkint venait de loin. Il serait parti du Venezuela, pour venir décharger sa cargaison à 15 kilomètres de Gao. Des vieux Boeing comme celui-ci, il en existent de grandes quantités sur le marché de l'occasion un peu partout dans le monde. Ces appareils « en fin de vie » peuvent se négocier pour près de 100 000 euros. Les trafiquants n'hésitent donc pas à les abandonner, ou à les incendier, une fois que la marchandise a été livrée.
L'appareil dont l'épave calcinée a été retrouvée pouvait, semble-t-il, transporter 10 tonnes de drogue et en l'absence de couverture radar dans cette zone désertique du Nord Mali il a pu se poser sans être repéré. Ce sont à présent les numéros de série (Serial Number) gravés sur les pièces de l'avion qui devraient permettre de remonter jusqu'à son propriétaire.