Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Face au grand palais des rois de la dynastie Chakri, scintillant dans la nuit, environ vingt mille Thaïlandais se sont assis sur l’esplanade Royale, détrempée par la pluie. Sur l’estrade, défilent des politiciens, des poètes et des chanteurs, qui, chacun à leur façon, fustigent l’ancien leader thaïlandais, Thaksin Shinawatra et le Premier ministre du Cambodge, Hun Sen.
C’est un rassemblement à la fois nationaliste et royaliste. Beaucoup dans la foule ont amené des portraits du roi Bhumibol et presque tous ont des drapeaux thaïlandais qu’ils agitent au rythme des rengaines chauvines. Dans une déclaration solennelle, un orateur accuse Thaksin d’être un traître à la patrie et d’avoir conspiré avec l’ennemi, pour détruire la dignité de la Thaïlande. Hun Sen se voit lui, reproché d’avoir insulté l’honneur de la Thaïlande d’une manière qui ne pourra jamais être pardonnée.
Le rassemblement est organisé par les « chemises jaunes », les opposants à Thaksin Shinawatra, mais il est clair que la foule est plus diverse que lors des manifestations habituelles de ce groupe. C’est une assistance mélangée de provinciaux et de Bangkokois, de bourgeois des villes et de petites gens des quartiers périphériques, signe sans doute, de ce que l’attitude de Thaksin Shinawatra lui a fait perdre en partie sa popularité, comme l’attestent les sondages.