Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Les formations d’opposition, qui avaient d’abord menacé de boycotter le débat, notamment si celui-ci était secret, ont finalement annoncé leur participation. Mais elles ont également promis de multiplier les recours, ce qui fera perdre plusieurs heures avant que les choses sérieuses ne commencent.
D’ores et déjà, la séance d’explication par le ministre de l’Intérieur, mardi, avait tourné au pugilat, ce qui l’avait empêché de dévoiler beaucoup de ce plan tant attendu. Tout ce qu’a évoqué Béchir Atalay, c’est la disparition des contrôles de sécurité dans le sud-est à majorité kurde. C’est peu.
On sait aussi que le gouvernement entend libéraliser encore l’usage de la langue kurde et son apprentissage, et sans doute aussi dissoudre les milices de gardiens de village, quelque 70.000 supplétifs souvent impliqués dans des affaires criminelles. Il veut aussi lancer un vaste plan d’investissement économique pour développer la région.
Mais là où on attend surtout le Premier ministre, c’est sur des annonces plus politiques comme des mesures d’amnistie accompagnant les retours de repentis, seules à même de faire vraiment taire les armes. C’est là que l’opposition devrait sortir du bois, profitant du scepticisme grandissant d’une opinion publique qui rejette ce plan pour une solution démocratique à près de 52%.
Autant dire que Tayyip Erdogan joue son va-tout avec cet ambitieux mais épineux dossier.