Candidat malheureux en 2007 pour des raisons financières, le groupe Illiad, maison mère du fournisseur d’accès à Internet Free, part favori. Pour la simple raison qu’il est le seul candidat en lice pour l’obtention d’une quatrième licence de téléphonie mobile. Chargé d’étudier les candidatures, le régulateur des télécoms, l’Arcep, pourrait statuer rapidement d’ici la fin de l’année, début 2010 au plus tard. Ces dernières semaines, tous les candidats potentiels ont jeté l’éponge, Numéricâble et Virgin Mobile qui avaient fait part de leur intérêt, se sont désistés la semaine dernière.
D’autres entreprises, comme le conglomérat Bolloré ou l’opérateur égyptien Orascom, avaient également abandonné la partie les semaines précédentes, découragés par l’ampleur de la tâche. En plus de s’acquitter du prix de la licence facturée à 240 millions d’euros, le nouvel arrivant devra construire son propre réseau dans un contexte où la mise en place de nouvelles antennes relais se heurte bien souvent à l'hostilité des riverains. Un coût évalué à environ un milliard d’euros.
25 milliards d’euros de chiffre d’affaires
Cette quatrième licence mobile a été l’occasion pour les trois opérateurs déjà en place de se livrer à une bataille en règle contre l’arrivée d’un nouveau concurrent. Orange (France Telecom), SFR (Vivendi) et Bouygues Telecom (Bouygues) ont officiellement contesté la procédure, en saisissant la Commission européenne et le Conseil d’Etat. Les trois acteurs estiment que le prix de la licence, fixé à 240 millions d’euros, est près de trois fois moins élevé que celui qu’ils ont dû acquitter en leur temps. De toute évidence, les trois opérateurs n’entendent pas partager un marché fort juteux qui touche 59 millions de clients et représente 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
A plusieurs reprises, les dirigeants du groupe Illiad ont annoncé que l’offre de Free Mobile serait très concurrentielle. Le futur opérateur a promis de réduire de moitié la facture du mobile des Français. A l’instar de son offre triple play (Internet, Télévision, téléphonie fixe) qui a fait son succès sur le marché du haut débit, Free pourrait bien concentrer son service sur un forfait unique autour d’un tarif également unique.
Concentration du marché du mobile en Europe
Reste que la conquête de nouveaux clients sera difficile sur un marché où plus de 90% de la population est déjà équipée. De leur côté, les associations de défense des consommateurs espèrent que Free parviendra à faire baisser les prix des forfaits dans un secteur aujourd'hui très peu concurrentiel. Les experts du ministère de l’Economie tablent sur une baisse des prix de 7%.
Free assure que, s'il est choisi, il ouvrira son service de téléphonie mobile dix-huit mois après avoir eu la licence. Dès l’été 2011, la France devrait donc compter quatre opérateurs. La plupart des grands pays européens en comptent déjà quatre, voire cinq. Mais le marché a plutôt tendance à se concentrer en Europe. Alors qu’aux Pays-Bas, cinq licences ont été attribuées, seuls trois opérateurs sont aujourd’hui en activité, KPN a racheté son rival Telfort en 2005 et T-Mobile (Deutsche Telekom), la filiale d’Orange en 2007. En Allemagne, alors que six licences ont été accordées, seuls quatre opérateurs ont déployé des services. Même chose en Italie, pour cinq licences initialement accordées.